Entretien avec Renaud Camus
Selon une enquête “Génération quoi ?”, initiée
par France Télévisions, 46 % des 18-34 ans ne font plus
confiance aux politiques (qu’ils trouvent corrompus et pour qui
gauche et droite se valent). C’est inquiétant ?
Non, c’est assez rassurant sur le bon sens des sondés. La caste
politique est un des groupes les plus déculturés, décivilisés,
désélitisés de la société française. Elle est noyée dans la
société du spectacle ou plus exactement du show-business et se
confond avec elle, à un rang inférieur à celui des “artistes”.
Rien n’est plus instructif à cet égard que de voir qui épouse
qui, qui prend où ses maîtresses et ses amants, qui passe avec qui
les fêtes de fin d’année. Après la présidence Jean Clavier,
voici la présidence Gérard Jugnot. Pendant ce temps-là ces gens
s’occupent (mal) de petites misères tandis que survient dans un
silence imposé la plus formidable commotion de toute notre histoire,
le Grand Remplacement.
Un tiers des 210.000 répondants envisagent que des
emplois puissent être réservés aux Français. Cela vous étonne ?
Oui. Un tiers ça n’est pas beaucoup. D’autant que “Français”,
ça ne veut absolument plus rien dire. La distinction entre Français
et étrangers n’a plus aucun sens, elle ne sert plus qu’à
dissimuler ce qui survient et à permettre aux sociologues de cour,
si l’on peut risquer le pléonasme, de soutenir sans rire et même
sans mentir qu’il y a de moins en moins d’étrangers —
naturellement, puisqu’ils sont tous “français” ! Ils
votent socialo-remplaciste avant de voter islamo-remplaçant, Union
racaille, Mouvement slamiste, Fédération colonialiste,
Rassemblement pour l’exploitation de la conquête. Le moment-clef
de mon procès, vendredi dernier, fut celui où l’un de mes
témoins, un jeune professeur d’origine marocaine mais français
jusqu’au bout des ongles, lui, et même patriote, déclencha la
fureur haineuse de l’avocat du Mrap pour avoir décrit ce qu’était
sa réalité quotidienne en banlieue parisienne, à savoir que ses
élèves rient quand il se déclare français, jugent qu’il est un
traître s’il se reconnaît attaché à la patrie française,
parlent des Français comme d’un groupe étranger et méprisable,
estiment que dans dix ou quinze ans la France sera musulmane et
voient la conquête en cours comme un juste dédommagement pour
l’ancienne colonisation. Le concept de Français est devenu une
fiction qui n’est plus tenable.
François Hollande a annoncé le transfert au Panthéon de
Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette
et Jean Zay. Faites-vous partie de ceux qui, comme Régis Debray,
trouvent ces nominations trop policées, trop politiquement
correctes ?
Germaine Tillion, au moment de la dite “affaire Camus”, il y a
quatorze ans, est de ceux qui se sont acharnés contre moi, à
l’aveugle, de confiance, en parfaite méconnaissance du dossier.
J’imagine qu’elle ouvre grand la porte du Panthéon à
Bernard-Henri Lévy, Josyane Savigneau ou Edwy Plenel. En revanche
j’ai un peu connu Geneviève de Gaulle-Anthonioz, qui était une
femme admirable. Aucune objection à Pierre Brossolette, certes. Jean
Zay a beaucoup à se faire pardonner, mais beaucoup pour se faire
pardonner.
Comment s’est passé votre procès vendredi dernier ?
(Et quand le jugement sera-t-il rendu ?)
Cela dépend si on l’envisage du point de vue judiciaire ou du
point de vue politique. Judiciairement, je n’ai pas la moindre idée
de l’issue possible — le jugement doit être rendu le 3 avril. Je
tiens tout de même à dire que le déroulement de la (très longue)
audience faisait pleinement honneur à la justice : formalisme,
politesse, pleine liberté à chacun de s’exprimer. Politiquement,
il me semble que notre camp a pu marquer des points. L’adversaire
remplaciste est enfermé dans des fictions verbeuses dont il est
évident qu’elles ne tiennent plus debout. Pour les lecteurs que
cela intéresserait, je me permets de donner deux liens où ils
trouveront plus de détails : l’un
à un article de L’Express, l’autre
à mon propre journal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire