Le fossé se
creuse entre Moscou et les capitales occidentales. Au lendemain des
sanctions diplomatiques et économiques prises conjointement par les
Européens et les Américains, vendredi 7 mars, Moscou a réaffirmé
son soutien à la Crimée en disant qu'elle approuverait le résultat
du référendum sur son rattachement à la Russie.
- 20 000 militaires russes en
Crimée, selon le Pentagone
Le Pentagone a évalué vendredi à 20 000
hommes les effectifs de l'armée russe en Crimée, tout en soulignant
qu'il s'agissait d'une estimation fondée sur des informations
parcellaires. Moscou, dont les forces contrôlent la péninsule
depuis le week-end dernier, affirme que les seuls soldats présents
sont ceux basés à Sébastopol, port d'attache de la flotte russe de
la mer Noire, ce que contestent l'Ukraine et les puissances
occidentales. Selon Kiev, 30 000 militaires russes sont
désormais présents en Crimée, en comptant les 11 000 de la
base navale de Sébastopol.
Interrogé sur le sujet, le contre amiral
John Kirby, porte-parole du Pentagone, a donc parlé de 20 000
hommes. « C'est une bonne
estimation à ce stade, mais ce n'est qu'une estimation et, comme je
l'ai dit, nous n'avons pas une parfaite visibilité sur les
chiffres », a-t-il souligné.
- Des soldats ukrainiens chassés
de leur poste en Crimée
Des hommes armés, vraisemblablement des
militant prorusses, ont pris le contrôle sans tirer le moindre coup
de feu d'un poste de défense ukrainien équipé de missiles à
Sébastopol, en Crimée.
Les assaillants négociaient avec le
commandant de la base, a indiqué à l'AFP un porte-parole du
ministère de la défense, sans pouvoir préciser le nombre des
militants participant à l'assaut.
Prié de s'exprimer sur le sujet lors d'un
débat télévisé, Sergueï Aksionov, chef du gouvernement prorusse
de Crimée, a également indiqué que tout était rentré dans
l'ordre sur le site en question.
- Moscou soutiendra le référendum
en Crimée
Le Parlement russe a annoncé, vendredi 7
mars, qu'il respecterait « le choix
historique » des Criméens
lors du référendum sur le rattachement de la péninsule ukrainienne
à la Russie, laissant entendre qu'ils voteront, sans surprise, en
faveur de l'intégration de cette région à la Communauté des Etats
indépendants.
Jeudi, le Parlement local de Crimée, dominé
par les prorusses, avait demandé à Vladimir Poutine le rattachement
à la Russie, et annoncé l'organisation d'un référendum le 16 mars
pour le valider.
Soixante-cinq mille personnes, selon la
police moscovite, se sont rassemblées vendredi à Moscou, pour un
concert organisé en soutien aux Criméens. Elles brandissaient des
drapeaux russes et des pancartes portant « la
Crimée est une terre russe »
ou « Crimée, nous sommes avec
toi ».
- L'ONU met en garde contre des
décisions prises « dans le feu de l'action »
L'annonce du référendum a été jugée «
préoccupante et grave » par le
secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui n'a toutefois pas
précisé si ce référendum était considéré par l'Organisation
des Nations unies comme illégal au regard des lois internationales
ou de la constitution ukrainienne, comme l'affirment les Etats-Unis
et leurs alliés.
« Toutes les parties concernées
doivent réfléchir aux
implications des décisions
hâtives ou prises dans le feu de l'action »,
a précisé un porte-parole de l'ONU.
- Poutine mise sur les
Paralympiques pour «
apaiser les tensions »
« J'espère que les Paralympiques
vont pouvoir apaiser un peu
les tensions autour de l'Ukraine »,
a déclaré Vladimir Poutine au président du Comité international
paralympique, Philip Craven, à qui il faisait visiter vendredi la
ville hôte des jeux située sur les bords de la mer Noire, dans le
Caucase russe.
Quelques
heures avant la cérémonie d'ouverture, l'équipe ukrainienne à
Sotchi a annoncé qu'elle ne boycotterait pas les Jeux, mais a
exprimé clairement sa désapprobation quant à la situation en
Crimée.
- L'OSCE à nouveau
empêchée d'entrer en Crimée
Pour la deuxième fois en deux jours, les
observateurs militaires de l'OSCE missionnés pour tenter d'apaiser
les tensions dans la péninsule ont été empêchés d'entrer en
Crimée. Près du village de Tchongar, l'un des deux points d'accès
à la péninsule, les deux autocars transportant les quarante
observateurs, suivis d'une cinquantaine de voitures civiles
ukrainiennes, ont été empêchés de passer par une dizaine d'hommes
armés non identifiés.
Selon Moscou, l'équipe de l'OSCE n'a pas
attendu de recevoir une « invitation
officielle » des autorités
prorusses de la péninsule avant de s'y rendre. Jeudi, c'est à
l'autre accès à la Crimée que les observateurs avaient été
contraints de faire demi-tour par des hommes armés également non
identifiables.
- Hollande contre la tenue d'un
référendum sans accord de Kiev
François Hollande a répété vendredi que
« l'intégrité territoriale
et la souveraineté de l'Ukraine ne peuvent pas se négocier ». Il
ne peut y avoir de référendum sur l'avenir de la Crimée « sans
que l'Ukraine elle-même n'ait décidé de l'organiser »,
a déclaré le président français, ce qui est la position défendue
depuis jeudi par l'Union européenne.
Vendredi matin, Laurent Fabius a par
ailleurs déclaré sur la radio France Info que si les premières
sanctions décidées contre la Russie n'étaient pas suivies
rapidement d'effets, il y en aurait de nouvelles dirigées contre des
entreprises et des personnes russes. Des sanctions diplomatiques
pourraient également être envisagées contre des proches de
Vladimir Poutine, a ajouté le ministre des affaires étrangères
français.
- Gazprom
menace de couper son approvisionnement
Le gazier public russe Gazprom a, lui,
menacé l'Ukraine d'interrompre ses exportations de gaz en raison
d'impayés, comme ce fut le cas lors de la crise de 2009, des
coupures avaient alors perturbé l'approvisionnement de plusieurs
pays européens. Les arriérés de paiement de gaz russe de l'Ukraine
s'élèvent à 1,89 milliard de dollars. « Cela
signifie que l'Ukraine a de facto cessé
de payer le gaz »,
a déclaré le patron de Gazprom, Alexeï Miller, cité par les
agences de presse russes. Il a ajouté que Kiev prenait ainsi le
« risque
de revenir à la situation du
début de 2009 ».
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