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lundi 5 mai 2014

L'élection du 25 mai ou la guerre civile? [+ Odessa]

La Mère- Patrie est tourné sur l'Est. Nous avons compris maintenant pourquoi.

Pression militaire à l'extérieur (voir carte de l'Ukraine "encerclée" ci-dessous) + Pourrissement à l'intérieur. Le pourrissement, il se propage dans de nombreuses zones à l'est, et maintenant dans le sud (cf événements à Odessa)... tout se passe comme Poutine l'avait laissé entendre dans son discours suivant l'annexion de la Crimée. La seule petite différence est que (pour le moment) il préfère agir en sous-main et jouer le pourrissement plutôt que d'envoyer son armée. Le but est bien évidemment de déstabiliser le pays, de favoriser une guerre civile, afin que l'élection ne puisse se dérouler normalement, élections dont il a toujours fait peu de cas (on se demande bien pourquoi...)

Editorial du « Monde ». Si, en s'emparant de la Crimée, en mars, Vladimir Poutine a aussi voulu, par ricochet, déstabiliser l'Est ukrainien, plutôt russophile, il a réussi. Si le président russe ne le souhaitait pas vraiment, il a joué avec le feu, et le résultat est le même : la révolte à l'est et au sud-est de l'Ukraine plonge ce pays dans le chaos. Dans un cas comme dans l'autre, la responsabilité russe est écrasante. (Le Monde)

Poutine ne veut pas d'une élections nationale en Ukraine car il est certain de la perdre: tout simplement parce que les voix "pro-Russes" de la Crimée manqueront. Donc dans le meilleur des cas pour Poutine le résultat sera de 54% pour les "pro-Européens" - probablement beaucoup plus. Il ne peut perdre l'Ukraine - ce qui est déjà en grande partie fait - sans perdre le pouvoir à Moscou. S'il l'envahit , il ne peut la contrôler militairement. Le chaos n'a qu 'un temps. Reste la guerre civile.

« La menace d'une guerre civile en Ukraine semble chaque jour moins farfelue » (Le Monde)



 


En cas de guerre, nous savons tous que les proches du botoxé du Kremlin seront bien loin du bruit des canons... La fortune de Poutine










Les « dix jours les plus dangereux » depuis l'indépendance de l'Ukraine en 1991 ont commencé. Cette expression, employée par le premier ministre Arseni Iatseniouk dans un entretien au Financial Times le 2 mai, résume la gravité de la crise dans laquelle s'enfonce le pays. L'hypothèse de la guerre civile, stimulée par Moscou, n'est plus invraisemblable, dès lors que des bataillons armés se forment de part et d'autre.

Le gouvernement s'attendait à de nouvelles déstabilisations le 9 mai à l'occasion des commémorations traditionnelles de la victoire soviétique contre les nazis. Mais dès vendredi 2 mai, près de 40 personnes sont mortes à Odessa (sud), après des affrontements entre des partisans de l'unité ukrainienne et des activistes prorusses. L'essentiel des victimes, issues de ce dernier camp, a péri dans d'atroces circonstances, lors de l'incendie de la Maison des syndicats dont ils avaient pris possession.

Ce drame aiguise encore l'antagonisme entre deux camps qui ne s'écoutent plus, ne se parlent plus et se peignent mutuellement au feutre des plus grands fantasmes, avec la complaisance de médias incandescents, en particulier du côté russe. Les « fascistes » de Kiev contre les « agents de Moscou » : le fossé est d'autant plus grave que l'impuissance de l'Etat à assurer la sécurité et l'intégrité territoriale se confirme de jour en jour.

LES INCONNUES D'UN RÉFÉRENDUM

Depuis qu'ils ont saisi le bâtiment de l'administration régionale, le 6 avril, les séparatistes de la « république populaire de Donetsk » comptent sur la tenue d'un référendum d'autodétermination. Prévu le 11 mai, il porterait sur la création de cette « république ». Le flou est entretenu sur une éventuelle adhésion à la Fédération de Russie, suivant le modèle criméen. Les séparatistes veulent organiser cette consultation à Lougansk et Donetsk. Mais la question du contrôle des bureaux de vote, et surtout celui des registres d'électeurs, reste en suspens.
Dimanche, un Comité des forces patriotiques du Donbass a tenu un « sondage référendaire », afin de contrer le vote du 11 mai. Ce sondage, prévu auprès de 100 000 habitants, prévoit deux questions, « soutenez-vous l'intégrité territoriale de l'Ukraine ? » et « soutenez-vous l'élargissement des prérogatives des autorités locales ? », en matière de budget et de culture.

Mais ces initiatives, impossibles sans le consentement d'un oligarque au jeu politique trouble, Rinat Akhmetov, paraissent hors-sol : en dehors de Sloviansk, la ville assiégée où un commando russe a lancé la campagne de l'Est, toutes les grandes villes du Donbass sont touchées par des affrontements sporadiques, des enlèvements. Rien à voir avec la Crimée, donc, vite mise sous la coupe russe. L'oligarque Igor Kolomoïski, gouverneur de Dniepropetrovsk, a annoncé une réunion des représentants des régions du sud et de l'est, le 11 mai. Parmi les buts : la création d'un état-major unique pour coordonner les initiatives d'autodéfense.

INCERTITUDES SUR LA PRÉSIDENTIELLE

Le scrutin du 25 mai semble bien boiteux. Quelle sera sa portée et sa légitimité s'il n'a pas lieu dans les régions de l'est ? Sur le plan du droit, le gouvernement assure que l'élection sera valable ; sur le plan politique, le vainqueur risque d'apparaître comme le choix de Maïdan, l'élu de l'ouest.

Alors que le pays se déchire, les principaux candidats battent campagne. Ioulia Timochenko a été la première à se rendre à Odessa, vendredi soir, suivie le lendemain par son rival, Petro Porochenko, largement en tête dans les sondages. Mais leurs prises de parole, décalées par rapport au processus de décomposition étatique, semblent participer d'une fiction politique. Les partisans de M. Porochenko appellent l'ancien premier ministre à se retirer.

LE SUD EN APESANTEUR

Après les affrontements du 2 mai à Odessa, la loyauté et le professionnalisme de la police sont mis en cause. Dimanche, près de 2 000 activistes prorusses ont obtenu la libération de 67 des leurs, arrêtés vendredi. La police – dont le chef est limogé – et le parquet se rejettent la responsabilité. Les appels à la mobilisation se multiplient sur les réseaux sociaux pour défendre la ville.





Odessa... Beaucoup des gens vont remercier cette fille. Elle a aidé à sortir les blessés et à donner les premiers secours






Nombreux articles aujourd'hui dans la grosse presse concernant la CIA qui donnerait des conseils au gouvernement ukrainien. J'ai envi de dire : il en aurait bien besoin, de conseils...Tant il semble évident que les séparatistes sont largement soutenus par des mercenaires, des militaires, des agitateurs, et des agents russes. Juste un exemple : peut-on sérieusement penser que de simples citoyens russophones d'Ukraine puissent détruire tout seul deux hélicoptères de l'armée ukrainienne?




Le patriarche orthodoxe de Kiev, Filaret, a lui aussi incriminé la Russie: «Les services spéciaux russes sont derrière cette flambée de violence et d'actes terroristes. c'est le gouvernement russe et le président (Vladimir) Poutine qui en sont personnellement responsables», a-t-il lancé dimanche.
S'adressant directement à la Russie et à ses dirigeants, il a ajouté: «Arrêtez, ne multipliez pas vos péchés, ne provoquez pas un nouveau bain de sang. Ne vous attirez pas la colère divine 









Qu'est-ce qui s'est passé à Odessa vendredi dernier ?

Des violences du vendredi 2 mai à Odessa les média occidentaux ont surtout retenu la mort d’une quarantaine des militants pro-russes dans l’incendie criminelle à la fin des affrontements, l’incendie « étant due aux cocktails Molotov lancés sur le bâtiment assiégé » par des pro-Ukraine. Si on ne cherchait pas à savoir plus on pouvait vite penser que la mort des militants pro-russes était même voulue par leur opposants. Parfois on indiquait au passage, comme Piotr Smolar du Monde dépêché d’urgence de Moscou, que « les supporteurs [du foot] les plus radicaux d’Odessa et de Kharkiv (…) ont croisé le chemin de plusieurs centaines de sympathisants prorusses, armés pour certains de pistolets, selon des témoins. Le centre-ville s'est rapidement transformé en champ d'affrontement, à coups de pavés, de chaînes et de barres. Il y eut quatre morts et une trentaine de blessés, évacués vers les hôpitaux de la ville. »…

Vu l’image « des supporteurs du foot les plus radicaux » en Occident, les pauvres militants pro-russes gagnaient tout de suite la compassion des lecteurs après ayant payé de leur vies dans les affrontements qui paraissaient tout à fait « spontanées » (« ont croisé le chemin… »).

Deux jours plus tard Libération est heureusement revenue sur l’éventement du vendredi dernier (l’article ci-dessous) pour expliqué mieux les raisons des affrontements du vendredi et en s’approchant un peu plus de la réalité.

Libération /AFP 4 mai 2014

La mort vendredi à Odessa de dizaines de pro-russes dans un incendie est due à la vengeance de supporteurs de football et de manifestants pro-Kiev, après avoir été violemment attaqués alors qu’ils défilaient dans la ville plus tôt dans la journée, assurent des sources concordantes.
Le 2 mai, un match du championnat d’Ukraine était prévu à Odessa à 17 heures. Comme de coutume, les supporteurs du club visiteur, les «Metalist» venus de la ville de Kharkiv, et ceux du club local, «Tchornomorets», se sont rassemblés dans le centre-ville en début d’après-midi pour se rendre en cortège au stade. «Nous n’avions prévu aucune manifestation, ce n’est pas nous qui étions à l’origine de ce rassemblement», assure à l’AFP Natalia Petropavlovska, l’une des responsables du mouvement pro-Maïdan dans la grande ville portuaire. «C’étaient des supporteurs, des jeunes, et dans ce pays les jeunes sont naturellement plus partisans d’une Ukraine unie que de la Russie.»

Un cortège jaune et bleu

Le cortège, largement pavoisé de jaune et bleu, couleurs du drapeau ukrainien mais aussi du maillot des joueurs du Metalist, est attaqué sur un grand boulevard par plusieurs centaines de manifestants pro-russes bien équipés, certains armés, portant casques et cagoules. Une attaque si violente qu'au moins quatre personnes sont tuées par balles et une dizaine blessées.

Sur un lit de l’Hôpital juif d’Odessa, Oleg Konstantinov se remet samedi de blessures par balles au bras et à une jambe. «Quand cela a commencé à tirer, je me suis dit que c’était peut-être des armes à feu, parce que les policiers ont commencé à tomber, dit-il. J’ai été blessé au bras et, quand mes collègues m’ont sorti de là, j’ai encore été blessé au bras et à la jambe.»
De son côté, Bogdan, 40 ans, a été témoin de la scène. «Les deux équipes de supporteurs défilaient dans la ville quand il y a eu des tirs, et aussi des jets de grenades artisanales. La police n’a rien fait mais les supporteurs ce sont défendus. Ils étaient bien plus nombreux que les assaillants, et la bagarre cela ne leur fait pas peur», dit-il.

Pour Natalia Petropavlovska, «les pro-russes ont commis une grosse erreur en s’en prenant aux supporteurs. Ils étaient nombreux et savent se défendre. Non seulement ils n’ont pas eu peur des armes mais cela les a enragés de voir qu’on leur tirait dessus et qu’on les tapait.»

Gradins vidés à la mi-temps

Par téléphone, par les réseaux sociaux, les supporteurs des deux équipes ont averti leurs amis dans la ville et ceux qui étaient allés directement au stade. «J’ai assisté au match et nous avons tous remarqué qu’à la mi-temps les gradins se sont vidés», assure à l’AFP un spectateur. «Ils étaient partis se battre.» A Odessa, les partisans d’un rapprochement avec Moscou avaient organisé depuis la mi-mars un camp de tentes sur une vaste esplanade, devant l’immeuble de pierre de taille des syndicats.

«C’est une foule en colère, qui voulait se venger, qui s’est rendue sur la place Koulikove Pole. Ils voulaient en finir avec ce camp pro-russe», dit Natalia Petropavlovska. «Ils ont commencé à le détruire, à y mettre le feu. Les pro-russes auraient pu partir, ils savaient qu’une foule en colère arrivait, il s’est écoulé deux heures entre l’attaque de la manifestation et l’arrivée des supporteurs et des nôtres. Mais au lieu de cela ils ont choisi de se réfugier dans la Maison des syndicats.»

Des cocktails Molotov ont été jetés contre le bâtiment, ce qui est clairement visible sur les nombreux films amateurs tournés sur les lieux. Mais Natalia Petropavlovska assure, comme les autorités de Kiev, que les pro-russes y ont également eu recours et que des tireurs visaient la foule depuis les toits.

La responsabilité initiale de l’incendie ne sera sans doute jamais clairement établie mais ce qui est certains c’est que des dizaines de jeunes gens sont morts, la plupart asphyxiés par les fumées, malgré les échelles dressées par les belligérants pour secourir les personnes bloquées à l'intérieur. «C’est terrible. Nous n’avons jamais voulu ça, nous sommes désolés pour ces morts, dit-elle. C’étaient des jeunes qui ont été manipulés. J’ai moi-même appelé plusieurs fois les pompiers et je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont tellement tardé à intervenir.»

http://www.liberation.fr/monde/2014/05/04/a-odessa-un-cortege-de-supporteurs-a-l-origine-du-drame_1010113




A propos d'Odessa, encore : 
La tragédie d'Odessa : actes terroristes planifiés selon le ministère de l'Intérieur ukrainien
Pendant une séance fermée du Parlement ukrainien qui a eu lieu mardi 6 mai, les députés ont consideré des événements tragiques survenus à Odessa le 2 mai.
Selon le représentant du ministère de l'Intérieur qui s'est exprimé devant les députés (ses propos ont été transmis aux journalistes par le candidat à la présidentielle Petro Porochenko), "dans la Maison des syndicats incendiée" il y airait été utilisée "une substance inconnue qui a empoisonnée une partie des victimes" [et non pas le dioxyde de carbone].
«Aujourd'hui, de nouveaux détails de la tragédie à Odessa ont été révélés. Il y a eu des victimes de deux côtés. Mais on observe clairement un scénario de provocations commencées avec des tires sur les activistes ukrainiens par des terroristes qui ont été amenés de la Transnistrie ainsi que de la Russie [il y a eu 4 victimes par balles]. D'autre part, un exemple d’utilisation des substances spéciales toxiques qui ont été placés dans la Maison des syndicats afin d’augmenter le nombre des victimes " – a dit Porochenko (http://bit.ly/1onfTeT)
D'autre part le journaliste d'Echo de Moscou Ilya Azar a cité aujourd'hui mardi les propos du Vice-ministre de l'Intérieur d'Ukraine Serhiï Tchebotar qui lui ai dit (l'information non communiqué lors de la conférénce de presse) que selon la police, "l’incendie s’est produit de l’intérieur du bâtiment à cause des cocktails Molotov qui sont tombés des étages supérieurs dans la cage d’escalier en y mettant le feu". Selon le responsable "le feu n'a pas commencé par le bas, et l'auto-défense [de EuroMaïdan] ou Secteur droit ne sont pas à blâmer pour l’incendie. La police a dit qu'elle a trouvé « des douilles, des armes et des cocktails Molotov à l'intérieur du bâtiment ». (http://on.fb.me/RkQl7f).
Pendant la descruction du campement des séparatistes par des activistes et des supporters ukrainiens les extremistes ont tiré sur la foule du toit du batiment encerclé.


Et puis cette vidéo :

Une enquête indépendante a été demandée par l'UE. Donc il faut attendre. Mais lorsque l'on sait que le coup de force en Crimée s'est fait avec l'aide d'une énorme machine de désinformation russe,  lorsque l'on a écouté le discours de Poutine (qui "prédit" que les russophones vont être en danger, alors qu'ils ne l'ont jamais été auparavant...), alors on peut, a minima, douter des "informations" provenant de sources russes (Et il y en a beaucoup. Et elles sont beaucoup reprises par les médias français)









L'élection présidentielle

Sept candidats à l'élection présidentielle : 
Mikhaïl Dobkine (Parti des régions)
Petro Porochenko (indépendant)
Petro Symonenko (Parti communiste d'Ukraine)
Serhiï Tihipko (indépendant)
Ioulia Tymochenko (Batkivchtchyna)
Oleh Tyahnybok (Svoboda)
Dmytro Yarosh (Secteur droit)

(pour en savoir plus sur ces candidats : voir wikipédia)

Candidats à la présidentielle – Ukraine. Source photo : zn.ua

Il reste un mois avant les élections présidentielles. Plus la date approche plus il y a de doutes sur la tenue des élections. Même si le vote a lieu, aura-t-on un résultat ? Le président, sera-t-il élu pour un an ou cinq ans ? Y aura-t-il des élections au parlement suite aux élections présidentielles ?

Le sud-est de l’Ukraine est divisé en molécules électorales

C’est la première fois qu’il arrive que le sud-est n’ait pas un seul leader. Il n’y a pas de leader charismatique qui rassemble des sympathisants partout. Le décalage est trop grand : en partant du leader du parti communiste, on arrive au leader exclu du Parti des Régions (ndt. trois des quatre candidats les plus populaires dans le sud-est représentent le Parti des Régions, mais un seul a été soutenu par tout le parti. Il s’agit de M.Dobkin, soupçonné d’avoir coordonné les activités des « titoushkis », des jeunes sportifs qui terrorisaient les manifestants de Maïdan).
C’est aussi la première fois que lors des élections présidentielles la voix du sud-est ne soit pas une voix décisive. Regardons de plus près. La structure du champ électoral ukrainien est ainsi faite ; elle ne change pas depuis de nombreuses années : les démocrates ont toujours eu 45%, leurs adversaires ont obtenu 55%.
Maintenant prenons en compte la situation actuelle.
Ne serait-ce qu’en Crimée, il y a environ un million huit cents milles électeurs. Laissons de côté ceux qui ont déjà obtenu les passeports russes. Concernant ceux qui ont gardé leurs passeports ukrainiens, la Commission Électorale leur laisse la possibilité de voter. Pour cela, bien sûr, il faudra sortir de Crimée.
Pour voter pendant les deux tours il faut sortir de Crimée quatre fois : deux fois pour s’inscrire sur les listes électorales et deux fois pour voter. Est-ce que c’est faisable ? La réponse est claire.
Nous ne pouvons accuser la Commission Électorale de ne pas vouloir aider. Ici, on fait ce qu’on peut en respectant la loi bien sûr. Formellement, les criméens ont la possibilité de voter mais comment ils le feront ou ne le feront pas, c’est une autre question.
La même situation se produit avec les Ukrainiens de l’étranger. Des centaines de milliers d’Ukrainiens vivent dans d’autres pays du monde (nous n’avons pas chiffre exact, mais il est plus élevé que le nombre des électeurs de Crimée). Mais seuls ceux qui sont inscrits auprès des consulats peuvent voter. Ils ne sont pas nombreux, et ils sont encore moins nombreux à venir voter.
Nous continuons avec Donbass. Sa situation n’est pas meilleure, voire même pire.
Quelques questions toutes simples :
А) Les « bonhommes verts » et les terroristes, comment vont-ils se comporter le jour des élections ?
B) Les séparatistes et les « fous » idéologiques, qu’est-ce qu’ils vont faire ?
C) Est-ce que les gens pourront venir voter sans crainte pour leur sécurité ? Est-ce qu’ils peuvent être sûrs qu’ils ne seront pas agressés ? Tués ? Ou encore, dans les « meilleures » traditions de la démocratie russe, qu’ils ne seront pas explosés avec leur bureau de vote ? Et pourquoi pas ? Quelle jolie image ! Les autorités de Kyïv sont tellement faibles, qu’ils ne sont pas capables de protéger leurs propres citoyens, et les citoyens eux-mêmes ne voulant pas d’élection font exploser les bureaux de vote. Bien sûr, « les frères du nord » n’y sont pour rien.
D) Le point « C » est d’autant plus important pour les membres des commissions de vote qui doivent compter les voix après la fermeture des bureaux de vote et transporter les urnes dans les centre national.
Les fonctionnaires du ministère de l’intérieur et de la Commission des Élections rassurent en disant que des policiers seront présents aux bureaux de vote et que les bureaux de vote les plus sensibles seront sous une surveillance plus importante.
Les policiers contre les soldats du GRU (ndt. le département général de l’espionnage de la Fédération de Russie) armés jusqu’aux dents représentent une force incontestable, bien sûr. Par ailleurs, le nombre de policiers des unités spéciales ukrainiennes est très limité. Vraiment très limité. Aujourd’hui, ils sont mobilisés dans des endroits de défense sensibles. Il faut comprendre cela. Ne pas semer la panique et ne pas verser d’eau sur le moulin de la propagande.
Les régions de Kharkiv, Odessa, Mykolaïv, Kherson sont d’autres zones de risque. Surtout les régions de Kharkiv et Odessa. Cela se confirme par les cartes qu’Aleksandr Loukachenko (ndt. le président de la Biélorussie) a montré à Oleksandr Tourtchynov (ndt. président ukrainien par intérim) lors de leur dernière rencontre. Le LB.ua avait ses cartes en possession avant, mais pour des raisons évidentes, ne les a jamais divulguées, aujourd’hui Aleksandr Loukachenko a publiquement confirmé l’existence de ces cartes et nous pouvons en informer nos lecteurs.
Le projet a été élaboré par la Russie à la fin de l’année dernière. Tout a été calculé et modélisé. Il était supposé que l’armée russe serait utilisée pour étouffer Maïdan en réponse à l’appel de Viktor Ianoukovitch, président encore légitime à l’époque.
Mais la fuite de Viktor Ianoukovitch ainsi que d’autres événements ont légèrement changé les projets.
Le projet a été reporté, mais personne n’y a renoncé. L’un des points de ce projet comprenait les actions suivantes : suite à l’annexion de la Crimée, l’armée russe se concentrera aux niveaux des frontières terrestres. Sur les cartes, tout est indiqué avec les flèches rouges. Donc ces flèches d’invasion correspondent à la localisation de l’armée russe à nos frontières. Avant cela, il n’existait pas de ligne de marquage claire entre l’Ukraine et la Russie, seulement au niveau des points de douane, mais sans plus. Les saboteurs utilisent les « sentiers de forêt » dont le nombre reste à définir. Les saboteurs viennent en groupes de cinq-six personnes bien armés.
C’est pourquoi, du côté ukrainien on a commencé tout de suite à renforcer les frontières. On creuse des tranchées, on monte des points de contrôle que l’on entoure avec des blocks en béton. Donc l’histoire avec le frère de Sergeï Tarouta (ndt. le gouverneur de la région de Donetsk) est véridique : il fait creuser des tranchées de quatre mètres autour de la région de Donetsk sur ses propres fonds. Cela coûte assez cher comme affaire. Mais les activistes locaux le font malgré tout. Aujourd’hui ils établissent aussi des hérissons tchèques (ndt. des obstacle anti-char statiques en acier composés de pièces soudées entre elles en angle).
Mais le grand prix part à Lougansk, chez les contrebandiers qui ont eux-mêmes (!) bloqué avec du béton tous les points « clandestins ». Les mêmes points qui les ont nourris pendant des années. Mais la Patrie leur est plus chère. Ils sont aussi citoyens de l’Ukraine.

One on One

Bien sûr tous ces préparatifs n’arrêteront pas l’armée russe si l’ordre est donné d’y aller. Mais ils peuvent au moins la retenir un peu.
La semaine dernière, un représentant haut placé des autorités à Kyïv plaisantait : « Ce n’est pas important de quel côté ils viendront, ils sont beaucoup plus nombreux que nous. Tout ce que nous pouvons faire c’est d’aller « entre les gouttes jusqu’à Moscou » (ndt. une référence à une blague ukrainienne).
Son sourire et ses blagues ont été tendus, comme d’ailleurs ceux des autres présents à cette rencontre dans un cercle limité. Mais c’est le seul moyen de garder la tête froide dans les conditions où les canons des centaines de chars se dirigent sur ton pays.
Actuellement, alors que l’opération anti-terroriste bat son plein, l’éventualité de l’invasion est encore plus accrue.
D’après les informations de LB.ua, lors de sa visite à moitié secrète, M.Brennan, le chef de la CIA, a été clair : si au moins un des agresseurs tombe, les russes feront rentrer leur armée.
La dernière déclaration de M.Lavrov, le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, le confirme.
Et les USA ne pourront aider. Enfin, seulement avec des conserves.
Pendant l’EuroMaïdan, les Américains disaient la même chose : éviter les victimes. « On vous bat ? On vous enlève et on vous amène dans les forêts ? On vous tue ? C’est très désagréable tout ça, mais soyez patients, c’est la prix de la démocratie, vous savez ».
Donc les fonctionnaires ukrainiens connaissent le discours et savent comment le faire sortir par l’autre oreille. Finalement, nous restons seuls à seul avec l’ennemi. Si nous réussissons, bravo ! Gloire à nous !
Sinon, c’est dommage. Dans ce cas-là, l’Occident exprimera « une profonde préoccupation », « l’inquiétude », nous mériterons peut-être même « de la compassion ».

« Le printemps russe »

Revenons à nos moutons : les élections. Comme nous l’avons vu plus haut, le champ électoral connaît de profondes modifications ce qui se reflétera sur le résultat.
Comment sera-t-il ? Selon Mikhailo Okhendovskyi, la loi n’impose pas de limite en matière du nombre de bureaux de vote.
Même si les « bonhommes verts » détruisent 70% de bureaux de vote, les 30% restants suffisent pour formaliser le résultat.
Du point de vue juridique.
Du point de vue politique, il y aura des questions.
Mais est-ce que les élections auront lieu ?
« Bien sûr, elles auront lieu. Notre pays en a besoin », répètent les politiques et les candidats.
Le fait d’élire un nouveau président contribuera à établir un certain nombre de points sensibles :
-          Les discussions sur la « légitimité » (même relative de V. Ianoukovitch) cesseront définitivement ;
-          Les nouvelles autorités renforceront leurs positions et créeront de nouvelles conditions pour compléter tous les postes (étant donné qu’en février on a fait avec ce qu’il y avait) ;
-          Une base de positionnement de la politique extérieure sera formée.
Les élections sont donc très importantes. Leur résultat sera connu après le second tour. Il serait logique de supposer que les provocations majeures des « frères russes » auront lieu à cette date-là et non le 25 mai, comme certains pensent. Cette information est confirmée par les hauts fonctionnaires russes.
V. Poutine s’est radicalisé depuis Genève.
Une bonne nouvelle est que la radicalisation ne suppose pas l’invasion de l’armée (pour l’instant ; V. Poutine, tout aussi comme V. Ianoukovitch dans ses « meilleures années » ressemble à un singe avec une grenade : il est impossible de prévoir son prochain mouvement).
Une mauvaise nouvelle est que la radicalisation suppose :
-          L’escalade de la situation dans le sud-est du pays ;
-          Le renforcement des saboteurs (cette information est confirmée par trois sources russes et une source ukrainienne) ;
La tactique du moment est d’empêcher les élections. Si les élections n’ont pas lieu en mai, elles auront lieu à l’automne 2014 (pas la meilleure solution pour la Fédération de Russie) ou au pire début 2015
Pour la Fédération de Russie, plus tard elles ont lieu, mieux c’est.
Le temps gagné est égal :
A) L’aggravation des problèmes économiques en Ukraine (et cette aggravation est inévitable, le gouvernement ne peut l’empêcher, il y a des raisons objectives qui font que cela arrivera).
B) La possibilité de créer un nouveau leader politique. Dans ce cas-là, la Fédération de Russie obtient le contrôle de plusieurs régions au niveau national.
Et là apparaissent encore quelques éléments intéressants
-          Les termes de présidence
-          Les élections législatives
Maintenant plus en détail.

Le reboot complet

L’article 103 de la Constitution de l’Ukraine nous dit : « Le président est élu pour cinq ans ».
Ainsi, une question est apparue : est-ce que le président élu cette année (s’il est élu) sera président pendant cinq ans ou seulement pendant un an ? Cette question a inquiété les députés du parti « OUDAR » (ndt. « L’alliance démocratique pour les réformes de l’Ukraine », le parti de V.Klitchko) et ils se sont adressés à la Cour Constitutionnelle de l’Ukraine.
La réponse à cette question ne doit en aucun cas être ambigüe : le terme est de cinq ans. Telle a été l’explication de nombreux experts à qui LB.ua a posé cette question.
La nature de cette question provient de la légitimité de la rupture du mandat de V. Ianoukovitch.
Le 21 février V. Ianoukovitch a signé l’accord qui prévoyait les élections présidentielles anticipées. Il s’agit là d’un accord un peu « supra-constitutionnelle ». Cela rappelle l’année 1995. À l’époque, un accord a été signé pour annuler la constitution soviétique jusqu’en 1996 quand la nouvelle Constitution de l’Ukraine a été adoptée. La Constitution ne peut gérer toutes les nuances de la vie politiques dans un Etat. Surtout suite à des précédents anormaux (comme la fuite du président quand il démissionne de facto). Dans ces cas-là, on pratique des accords constitutionnels.
La demande à la Cour Constitutionnelle a été faite le 22 avril.
Nous n’avons pas encore d’information concernant le juge qui sera nommé comme rapporteur mais nous espérons que l’affaire sera rapidement traitée et que la réponse sera donnée dans les meilleurs délais. Valerii Karpountsov, un des auteurs de la requête constitutionnelle, a commenté : « Nous pensons que le président doit être élu pour cinq ans. Mais nous répétons que c’est la Cour Constitutionnelle qui doit stipuler et clarifier les choses ».
Normalement, la Cour Constitutionnelle peut stipuler rapidement. L’essentiel c’est que la réponse soit donnée avant le 25 mai, donc indépendamment des résultats du premier tour.
Encore un aspect non négligeant d’actualité et concerne toujours « OUDAR ».
La dissolution du parlement était un des slogans de Vitalii Klitchko (quand il pensait se présenter). « C’est une des demandes essentielles de Maïdan », expliquait alors Vitalii Kovaltchouk, le bras droit de V.Klitchko.
Beaucoup de choses se sont passées depuis cette époque. V.Kovaltchouk est devenu chef de campagne de Petro Porochenko (ndt. un des candidats à la présidentielle, V.Klitchko l’a soutenu publiquement) et c’est comme si on avait oublié la dissolution du parlement. Cependant « le reboot » parlementaire est un des points-clés de l’union entre Klitchko et Porochenko.
Il n’y a pas de raisons de penser qu’en cas de l’élection de Porochenko, cette clause sera respectée.
Bien sûr, pour un président nouvellement élu, il est plus simple de reconcentrer les députés déjà présents dans la Rada à sa manière, mais il faut respecter l’accord. Et les députés qui réfléchissent qui soutenir pour continuer dans la politique doivent s’en souvenir.
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/Source : lb.ua/







 








Pour les lyonnais, une conférence intéressante le jeudi 22 mai 2014. ça changera des mensonges de Chauprade (et en plus c'est gratuit) :



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