J'exagère un peu : Marine Le Pen détient la palme de l'inculture crasse. Mais Sarkosy commence à la rattraper...
Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.
Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.
Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.
Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.
La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.
Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.
Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.
Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?
Ce que Sarkozy dit :
« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »
Pourquoi c’est faux :
La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.
Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.
A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?
Ce que Sarkozy dit :
« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »
Pourquoi c’est exagéré :
En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.
La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.
Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.
- Bastien Vachon
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