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lundi 27 juin 2016

Le russe Rosatom

Le russe Rosatom veut s’imposer comme l’acteur clé du salon du nucléaire du Bourget

Mardi 28 juin s’ouvre au Bourget la World Nuclear Exhibition. Et le russe Rosatom compte remplir son carnet de commandes au détriment des acteurs français.



Alors que les entreprises de l'énergie et du nucléaire français vont mal, le russe Rosatom affiche une forme olympique. Et compte bien s'imposer désormais sur le marché international, quitte à faire de l'ombre à ses concurrents pourtant bien implantés depuis des années.

Etonnant. Alors que l'Europe est en guerre froide avec la Russie, la France ouvre ses portes à une société qui lui prendra probablement des parts de marché.   
La poutinôlatrie en France, le Brexit et ses conséquences, l'aplaventrisme des parlementaires français, le marché nucléaire prêt à accueillir à bras ouvert les russes, le Erdogan qui redevient copain avec la Russie...  Le nain du Kremlin se réjouit en ce moment...   



Seconde édition de la World Nuclear Exhibition
Demain matin, débute au Bourget la seconde édition de la World Nuclear Exhibition. Un congrès marqué par les bouleversements de la filière française. Areva est au bord de la faillite. EDF vit des heures difficiles. L’électricien qui doit reprendre les réacteurs d’Areva est sorti du CAC 40 l’an dernier. Il n’a toujours pas signé le contrat britannique des deux EPR d’Hinkley Point. Les problèmes de nos champions contrastent avec la situation des groupes nucléaires étrangers. Le Coréen Kepco travaille sur le chantier des Emirats (le contrat perdu par les français fin 2009). Les Chinois terminent les EPR de Taishan.
Quant au Russe Rosatom, il est en pleine forme. Dans un entretien aux Echos, son directeur général adjoint en charge de l’international, Kiril Komarov, indique avoir gagné les contrats de construction pour 36 réacteurs à l’étranger, dont seize sont déjà en chantier. Tous sont des réacteurs de troisième génération VVR 1200. Le carnet de commandes du groupe s’élève à 110 milliards de dollars contre 34 milliards pour Areva. Le Russe, qui vise 130 milliards d’ici à la fin de l’année, a des ambitions partout dans le monde: au Moyen-Orient, en Asie, dans des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam, mais aussi en Europe. "Neuf nouveaux réacteurs sont en construction (sur le Vieux Continent, NDLR) dont sept utilisent des technologies russes, indique Kirill Komarov. Nous cherchons d’autres marchés au Royaume-Uni où on suit de près Hinkley Point."

"Build, Own, Operate"

Voilà Paris et Londres avertis. Si pour une raison ou une autre, EDF devait renoncer à l’EPR britannique, inutile de chercher bien loin la compagnie prête à prendre la relève. Le modèle économique de Rosatom c’est "Build, Own, Operate", c’est-à-dire on construit, on possède, on exploite. A l’étranger, le groupe exporte uniquement les réacteurs ayant déjà fonctionné en Russie. Soit l’exact contraire d’Areva, dont le premier EPR fut signé en Finlande avec la réussite que l’on sait: coûts multipliés par trois à 9 milliards d’euros, retard de près de dix ans, négociations rompues entre Areva et son client TVO (les deux parties se réclament mutuellement des milliards d’euros d’indemnités)…
Selon l’expert Lionel Taccoen, directeur de la lettre Géopolitique de l’électricité, la grande force de Rosatom est d’avoir continué à construire des centrales. La France, dont la dernière centrale est sortie en 1991, a vu son processus interrompu pendant seize ans. L’autre atout de Rosatom est d’être soutenu par Moscou. Son président Sergueï Kirienko est un ancien premier ministre de Boris Eltsine et un proche de Vladimir Poutine. "Rosatom n’a pas vraiment de comptabilité, indique Lionel Taccoen. Comme ils ne connaissent pas le coût de ce qu’ils vendent, ils ont la possibilité de proposer des prix attractifs." A l’exportation, le Russe est l’incontestable numéro un du nucléaire. Pas sûr cependant qu’il conserve longtemps son hégémonie, car les Chinois se montrent menaçants. Eux aussi sont soutenus par le pouvoir politique. Et la Chine, on le sait, a beaucoup d’argent.





















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