Les américains sont “agressifs”, les russes “doux et câlins”, a dit Poutine. (La Nouvelle Tribune)
En France, les très nombreux poutinolâtres sont déjà convaincus.
Mais ce n'est pas le cas de tout le monde en Europe. On pense souvent à la Pologne, à la Lettonie, à la Lituanie, à l'Estonie, et bien sûr à l'Ukraine. Mais en Scandinavie non plus, la Russie n'est pas considérée d'un bon oeil. Exemple avec la Suède, qui subit elle aussi menaces, provocations et intrusions militaires russes. Notons que même l' "extrême droite" suédoise est partisan d'une adhésion à l'OTAN (seule la gauche y est opposée...)
Le Parlement suédois adopte une hausse de 40% des dépenses militaires d’ici 2025
Rétablissement du service militaire, reprise en main de l’industrie de l’armement, hausse des investissements pour moderniser ses forces armées, remilitarisation de l’île de Gotland, remise au goût du jour du concept de défense totale, renforcement des coopérations militaires avec ses voisins, organisation de grandes manoeuvres… Depuis l’affaire de la Crimée et l’intensification de l’activité des forces russes dans son environnement proche, la Suède a opéré un changement de cap à 180 degrés en matière de politique de défense.
Et ce n’est pas fini. Ce pays membre de l’Union européenne [et qui s’interroge sur une éventuelle adhésion à l’Otan] va augmenter ses dépenses militaires de 40% d’ici 2025, portant ainsi le budget de ses forces armées à près de 8,8 milliards d’euros. Cette décision, annoncée en octobre dernier par le gouvernement, vient d’être approuvée par le Riksdag.Concrètement, les effectifs des forces armées passeront de 55.000 à 90.000 militaires, plusieurs régiments vont renaître afin de former deux brigades mécanisées. Il est question d’en créer un troisième ainsi qu’une brigade motorisée par la suite, de même que deux bataillons d’artillerie de plus. Fermée en 2003, la base aérienne d’Uppsala va retrouver une activité, en abritant une escadre aérienne supplémentaire. « Une capacité de frappe à longue portée sera acquise et les moyens de guerre électronique seront renforcés », précise l’état-major suédois, qui compte augmenter le stock de missiles air-air.
Quant à la marine, elle verra le nombre de ses sous-marins passer de quatre à cinq. Ses corvettes seront modernisés et elle comptera deux nouveaux navires de surface supplémentaires. Un bataillon amphibie verra également le jour.
Enfin, un effort particulier sur la cyberdéfense sera consenti. « Il y a eu des attaques contre des entreprises suédoises, contre les autorités, contre les forces armées, contre les sites des ministères, contre différentes cibles du pays, et ce, quasiment tous les jours. C’est une des menaces auxquelles nous sommes confrontées », a justifié, sur ce point, Peter Hulqvist, le ministre suédois de la Défense.« Notre décision [d’augmenter les dépenses militaires] est liée à la situation sécuritaire. On a vu l’agression russe en Géorgie, l’annexion de la Crimée, le conflit en Ukraine, les tensions au Bélarus, l’augmentation des activités militaires russes, les manœuvres militaires en Arctique et dans la région de la mer Baltique. On voit que les Russes sont prêts à utiliser des moyens militaires pour réaliser des objectifs politiques », a par ailleurs insisté M. Hulqvist.
Pour le général Micael Bydén, cet « investissement est d’une grande importance, compte tenu du fait que nous vivons une époque incertaine ». Et d’ajouter : Cette « décision jette les bases de notre capacité à accroître notre dissuasion, tout en contribuant encore plus à la stabilité dans notre région. »
Photo : © Forces armées suédoises
http://www.opex360.com/2020/12/16/le-parlement-suedois-adopte-une-hausse-de-40-des-depenses-militaires-dici-2025/
La Suède finira-t-elle par rejoindre l’Otan?
En décembre 2012, le chef d’état-major suédois, qui était alors le général Sverker Göranson, jeta un froid en déclarant que la Suède ne tiendrait pas quinze jours en « cas d’attaque limitée ». Puis une simulation de bombardement de deux bases du pays, lors du congé pascal de 2013 ainsi que l’annexion de la Crimée par la Russie un an plus tard, associée à une hausse de l’activité militaire dans son voisinage firent que Stockholm décida de revoir sa politique de défense.
Ainsi, l’industrie de l’armement fut reprise en main, en particulier dans le secteur de la construction navale, le service militaire rétabli, l’île de Götland, le « porte-avions » de la Baltique, remilitarisée, le concept de défense totale dépoussiéré, etc… Dans le même temps, le gouvernement suédois s’attacha à renforcer ses liens militaires avec ses voisins scandinaves. Et le pays renoua avec les grandes manoeuvres.
Cela étant, la Suède n’est pas isolée. Si elle n’appartient pas à l’Otan, elle fait partie du « Programme de partenariat pour la paix » et participe parfois à des opérations menées par l’Alliance. Mais celui ne lui donne pas la garantie que les Alliés viendront à son secours en cas d’attaque contre son territoire.
Certes, l’Union européenne prévoit un mécanisme de défense collective via l’article 42-7 du traité de Lisbonne. Mais il n’est pas contraignant, en plus d’être flou sur les moyens à mettre en oeuvre en cas d’une agression armée contre l’un de ses États membre. En outre, étant neutre, la Suède n’est pas concernée, au même titre que la Finlande, l’Autriche, Malte et l’Irlande.
Durant l’été 2018, le président Macron avait proposé de corriger cet article 42-7 en lui donnant un caractère semi-automatique en cas d’agression contre l’un des membres de l’UE. « Notre volonté est clairement que l’Europe assume son autonomie stratégique et renforce sa solidarité en matière de défense », avait-il plaidé lors d’un déplacement en Finlande.
Pour cela, le président français avait donc proposé une « solidarité renforcée quasi-automatique » qui se ferait « qu’entre les États membres qui en seraient d’accord » afin de pouvoir disposer d’une « véritable solidarité d’intervention si un État était attaqué. » Depuis, ce projet de réforme est tombé dans les oubliettes.
Plus récemment, lors d’un discours sur la force de frappe française, M. Macron a affirmé que les « intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension européenne. » Et de se dire ouvert à un « dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective. » Là encore, cette offre n’a pas eu l’effet espéré…
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas vers l’UE que la Suède regarde mais vers… l’Otan. Selon une enquête du Pew Research Center publiée le 30 novembre, 65% des Suédois ont dit voir l’Alliance atlantique « sous un jour positif ». Jamais un tel niveau n’avait été atteint… Mais avoir une bonne opinion ne veut pas dire vouloir une adhésion.
Mais les choses bougent au niveau politique. En effet, début décembre, rapporte le quotidien La Croix, plusieurs partis représentés au Riksdag [Parlement] ont voté une « option Otan », ouvrant la voie à une future adhésion. Ce résultat a été obtenu grâce au ralliement des Démocrates suédois [extrême droite]. Seuls les partis de gauche, actuellement au pouvoir, s’y sont opposés. Ce qui laisse à penser que cette question sera l’un des thèmes majeurs des prochaines élections législatives, en 2022.
Dans le fond, cette tendance n’est pas surprenante. Depuis 2014, le gouvernement suédois ne cesse d’évoquer la menace russe. Menace qui n’est pas infondée d’ailleurs. Ainsi, en 2015, alors que le débat sur une éventuelle adhésion à l’Otan refaisait surface à Stockholm, Moscou avait prévenu que cela « aurait des conséquences en termes militaro-politiques et de politique étrangère, et demanderait nécessairement des mesures de représailles de la part de la Russie. »
Cette menace russe a également été avancé pour justifier la hausse de 40% des dépenses militaires suédoises d’ici cinq ans, ce qui permettra de réactiver des unités autrefois dissoutes et d’en créer de nouvelles, les effectifs devant être augmentés de 30% d’ici 2030.
Une adhésion de la Suède à l’Otan pourrait entraîner celle de la Finlande [elle aussi sous la menace de la Russie]. En effet, un rapport publié en 2016 avait conclu que Helsinki ne devrait pas rejoindre l’Alliance atlantique sans Stokholm… Et vice versa.
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