Et si, en Russie comme en France, le
fossé se creusait entre le peuple et ses représentants ?
J'ai été un peu injuste en intitulant
un article « Russophilie, c'est grave docteur ? ».
Il fallait bien sûr comprendre « Russophilie poutinienne » ;
c'est cette forme d'épidémie-là qui est dangereuse.
J'aurais dû écrire « Poutinophilie,
c'est grave docteur ?». Car de même que la France, ce n'est
pas Hollande, la Russie, ce n'est pas Poutine. La belle Russie que
l'on admire n'est pas la brutale Russie de Poutine.
La Russie détestable, celle de
Poutine, donc, envoie ses tanks en Crimée pour organiser son
grotesque référendum. Mais il y a une autre Russie.
Il y a celle
de Dostoïevski et de Tchaïkovski, celle
de Soljenitsyne et de
Pouchkine, celle qui chante Kalinka et danse la troïka, celle de
Boulgakov et de Karpov, celle de L'Ermitage, de Peterhof, du Bolchoï,
des cathédrales orthodoxes aux bulbes dorées, etc etc. La Russie
que j'aime est intelligente et cultivée, pas grossière et brutale.
Elle est créatrice et pleine de vie, pas impérialiste et va-t-en
guerre. Elle est fière de son histoire mais ne se trompe pas de
siècle.
À l'exception des Balkans, les
frontières des pays d'Europe sont à peu près stabilisées en ce
début de XXIe siècle. Les américains veulent étendre leur sphère
d'influence, c'est évident. Mais la réponse de la Russie
poutinienne, ce serait d'agresser son voisin (ce qui d'ailleurs
n'empêchera pas les Américains de renforcer leur implantation en
Europe de l'est, bien au contraire) ? Quelle folie ! Un
homme, nostalgique des frontières de l'URSS, qui bouleverse
l'équilibre territorial de l'Europe n'est pas un homme à vénérer
mais à mépriser. Un homme qui fait resurgir les vieux démons d'une
guerre civile européenne est un homme à combattre.
Aujourd'hui, la Russie que j'aime,
c'est celle de ces manifestants de Moscou (50000! quand même, et uniquement par internet et le bouche-à-oreille, puisqu' aucun média n'en a parlé) qui s'opposent à
l'intervention armée de leur pays en Ukraine. Qui sont-ils ? Je
m'en moque. On les présente en les opposant aux « nationalistes ».
Peu importe, en fait. J'admire ces gens autant que j'ai admiré ceux
de Maïdan, car ils ont compris que défendre sa patrie n'est pas
envahir celle des autres.
Pierre Aron
Pour Maria, qui vit à
Saint-Pétersbourg, l’attitude de la Russie est inacceptable. « Je
suis venue aujourd’hui, parce que j’ai honte devant le monde
entier de l’attitude de notre pays. J’ai honte que nous ayons
envoyé des troupes en Ukraine. »
Russie: manifestation de soutien à l'Ukraine à Moscou
Ils s’étaient donnés rendez-vous en début d’après-midi au
pied de la place Pouchkine pour s’opposer à l’intervention russe
en Crimée. Des milliers de Russes, de toutes générations, ont
exprimé leur soutien à l’Ukraine alors que le pays voit
la péninsule de Crimée lui échapper.
Pour Maria, qui vit à Saint-Pétersbourg, l’attitude de la
Russie est inacceptable. « Je suis venue aujourd’hui,
parce que j’ai honte devant le monde entier de l’attitude de
notre pays. J’ai honte que nous ayons envoyé des troupes en
Ukraine. »
→ A (RE) LIRE : Des
sites internet russes bloqués
« La Russie sans Poutine ! »
Les drapeaux ukrainiens et russes se mêlent dans le cortège,
mais le mécontentement dépasse la Crimée. Les manifestants
reprennent des slogans hostiles au président Poutine : « La
Russie sans Poutine ! », « Poutine voleur !
». C’est le président russe qui cristallise la colère. Pour
Olga, Poutine menace les libertés individuelles. « J’étais
toute jeune quand l’Union soviétique a disparu, et je n’ai pas
envie qu’on la rétablisse. »
Mitia, sympathisant de l’opposition, se montre aussi très
critique à l’égard du Kremlin : « On ne peut plus
supporter la bande à Poutine, on ne peut plus supporter ce dictateur
fou ».
Au même moment, près de la Place Rouge, un autre rassemblement
apportait son soutien à l’intervention russe en Crimée. Et cet
autre rassemblement aurait réuni 15 000 personnes, d'après la
police.
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