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dimanche 16 mars 2014

La belle et la brute

Et si, en Russie comme en France, le fossé se creusait entre le peuple et ses représentants ?
J'ai été un peu injuste en intitulant un article « Russophilie, c'est grave docteur ? ». Il fallait bien sûr comprendre « Russophilie poutinienne » ; c'est cette forme d'épidémie-là qui est dangereuse.
J'aurais dû écrire « Poutinophilie, c'est grave docteur ?». Car de même que la France, ce n'est pas Hollande, la Russie, ce n'est pas Poutine. La belle Russie que l'on admire n'est pas la brutale Russie de Poutine.
La Russie détestable, celle de Poutine, donc, envoie ses tanks en Crimée pour organiser son grotesque référendum. Mais il y a une autre Russie.

Il y a celle de Dostoïevski et de Tchaïkovski, celle de Soljenitsyne et de Pouchkine, celle qui chante Kalinka et danse la troïka, celle de Boulgakov et de Karpov, celle de L'Ermitage, de Peterhof, du Bolchoï, des cathédrales orthodoxes aux bulbes dorées, etc etc. La Russie que j'aime est intelligente et cultivée, pas grossière et brutale. Elle est créatrice et pleine de vie, pas impérialiste et va-t-en guerre. Elle est fière de son histoire mais ne se trompe pas de siècle.
À l'exception des Balkans, les frontières des pays d'Europe sont à peu près stabilisées en ce début de XXIe siècle. Les américains veulent étendre leur sphère d'influence, c'est évident. Mais la réponse de la Russie poutinienne, ce serait d'agresser son voisin (ce qui d'ailleurs n'empêchera pas les Américains de renforcer leur implantation en Europe de l'est, bien au contraire) ? Quelle folie ! Un homme, nostalgique des frontières de l'URSS, qui bouleverse l'équilibre territorial de l'Europe n'est pas un homme à vénérer mais à mépriser. Un homme qui fait resurgir les vieux démons d'une guerre civile européenne est un homme à combattre.
Aujourd'hui, la Russie que j'aime, c'est celle de ces manifestants de Moscou (50000! quand même, et uniquement par internet et le bouche-à-oreille, puisqu' aucun média n'en a parlé) qui s'opposent à l'intervention armée de leur pays en Ukraine. Qui sont-ils ? Je m'en moque. On les présente en les opposant aux « nationalistes ». Peu importe, en fait. J'admire ces gens autant que j'ai admiré ceux de Maïdan, car ils ont compris que défendre sa patrie n'est pas envahir celle des autres. 
Pierre Aron 












Pour Maria, qui vit à Saint-Pétersbourg, l’attitude de la Russie est inacceptable. « Je suis venue aujourd’hui, parce que j’ai honte devant le monde entier de l’attitude de notre pays. J’ai honte que nous ayons envoyé des troupes en Ukraine. »


 

Russie: manifestation de soutien à l'Ukraine à Moscou


Ils s’étaient donnés rendez-vous en début d’après-midi au pied de la place Pouchkine pour s’opposer à l’intervention russe en Crimée. Des milliers de Russes, de toutes générations, ont exprimé leur soutien à l’Ukraine alors que le pays voit la péninsule de Crimée lui échapper.
Pour Maria, qui vit à Saint-Pétersbourg, l’attitude de la Russie est inacceptable. « Je suis venue aujourd’hui, parce que j’ai honte devant le monde entier de l’attitude de notre pays. J’ai honte que nous ayons envoyé des troupes en Ukraine. »
« La Russie sans Poutine ! »
Les drapeaux ukrainiens et russes se mêlent dans le cortège, mais le mécontentement dépasse la Crimée. Les manifestants reprennent des slogans hostiles au président Poutine : « La Russie sans Poutine ! », « Poutine voleur ! ». C’est le président russe qui cristallise la colère. Pour Olga, Poutine menace les libertés individuelles. « J’étais toute jeune quand l’Union soviétique a disparu, et je n’ai pas envie qu’on la rétablisse. »
Mitia, sympathisant de l’opposition, se montre aussi très critique à l’égard du Kremlin : « On ne peut plus supporter la bande à Poutine, on ne peut plus supporter ce dictateur fou ».
Au même moment, près de la Place Rouge, un autre rassemblement apportait son soutien à l’intervention russe en Crimée. Et cet autre rassemblement aurait réuni 15  000 personnes, d'après la police.






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