Sur l’Ukraine
Ne pas réduire les nationalistes ukrainiens à une
bande de cocus naïfs c'est d'abord les connaitre, les reconnaitre et
les respecter.
Rester mesuré dans les critiques les concernant
c’est se souvenir que nous sommes plantés bien au chaud dans notre
cocon occidental à poser des jugements d’acier qui ne dépassant
pas nos claviers.
Trouver dans le travail doctrinal et positionnel du
Praviy Sektor bon nombre d'éléments positifs ne se confond en rien
avec un soutien béat et inconditionnel au gouvernement ukrainien
qu'il soit à base nationaliste ou pas.
Considérer l'Ukraine comme un ethnos recherchant un
Etat-Nation ce n'est pas trahir l'idée d'Europe, ce n'est pas
s'opposer à la Russie, ce n'est pas faire le jeu des yankees mais
reconnaitre un fait identitaire tangible et historiquement fondé.
Ne pas se réjouir des morts de Maïdan, ne pas
insulter des combattants c’est refuser le cynisme de certains
pro-russes jusqu’auboutistes et se souvenir que dans notre héritage
européen il n’y pas de place pour la haine et la démesure.
Sur la Russie et Vladimir Poutine
Critiquer la Russie sur la gestion de son étranger
proche n'est pas s'opposer à la Russie mais lui opposer une vision
différente, la vision européenne fondée sur l'entente. Russie et
Europe sont complémentaires, non mimétiques.
Penser la Russie comme un partenaire, ce n'est pas
s'en défier mais lui rendre sa destinée réelle, celle d'un pont
stratégique entre l'Europe et l'Asie.
Ne pas se pâmer sur la pensée quasi "magique"
de monsieur Douguine, ce n'est pas être anti-russe, mais exprimer
une vision prioritairement centrée sur l'Europe, réalité
ethno-culturelle et politique plurimillénaire.
Critiquer la personnalité de monsieur Poutine, ce
n'est pas ouvrir un "second front" ou "faire le jeu
des yankees", mais simplement rappeler que derrière la "figure"
et le story-telling du Kremlin il existe une réalité moins
étincelante et plus préoccupante qu’il faut analyser froidement,
du point de vue de nos seuls intérêts.
Critiquer la politique de monsieur Poutine c'est
aussi exprimer le point de vue de nos camarades russes qui subissent
dans un silence de cathédrale la répression violente du régime
pour le seul fait d'en dénoncer le virage libéral, autocratique et
mafieux.
Répéter que le Kremlin a adopté le même arsenal
législatif et répressif que l'occident à l'égard des radicaux et
des dissidents c'est montrer que le "rempart" contre
l'occident n'en est peut-être pas vraiment un.
Expliquer que monsieur Poutine est richissime, que
cette richesse est sujette à caution, que son entourage d'oligarques
bigarrés très établis à la City de Londres a tous les atours des
capitalistes occidentaux (le voile démocratique en moins, ce qui
rend les choses plus simples) n’a rien de sensationnel mais doit
être porté à la connaissance de tous.
Rappeler que Vladimir Poutine a déclaré que
l’Union Eurasiatique « est mue par les valeurs de liberté, de
démocratie et les lois du marché » et qu’elle doit être un «
des pôles du monde moderne et jouer le rôle de connecteur
économique efficace entre l'Europe et L'Asie », ce n’est pas être
anti-russe mais c’est surtout ne pas être dupe des schémas
profonds.
Poser donc la question du caractère anti-occidental
de l’Union Eurasiatique.
Rappeler également que la garde rapprochée de
Poutine est composée d’oligarques presque tous juifs, formés aux
Etats-Unis pour certains, résidents à Londres et clients VIP des
Rothschilds.
Ces milliardaires (presque tous dans le
palmarès des 400 plus grandes fortunes mondiales du journal Forbes),
dirigeants de consortiums géants de taille mondiale (pétrole, gaz,
banques d’investissements …) détiennent tous des postes
politiques clé dans l’organigramme du Kremlin. Ils ont tous
également des postes des postes clé dans le congrés juif de
Russie, le congrès juif d’Europe et le congrès juif mondial.
Voici quelques noms :
Arcady Rothenberg – (métallurgie, construction) ;
Roman Abramovitch – 107e fortune mondiale
(hydrocarbures, sport) ; Mikhail Friedman - 41e
fortune mondiale (pétrole, secteur bancaire, télécommunications) ;
Len Blavatnik – 44e fortune mondiale (divers) ;
Oleg Deripaska (aluminim, services publics) ; Leonid Mikhelson –
47e fortune mondiale (gaz, produits chimiques) ;
Viktor Vekselberg – 52e fortune mondiale (pétrole,
métaux) ; Evgueny Shvidler – 369e fortune mondiale
(pétrole, gaz) – naturalisé américain, grand ami d’Abramovitch ;
Filaret Galchev, - 175e fortune mondiale (ciment) ;
Aleksander Abramov, - 186e fortune mondiale (acier, métallurgie) ;
Vladimir Yevtushenkov, 176e fortune mondiale
(microélectronique) ; German Kahn – 103e fortune mondiale
(pétrole, banque, télécommunications) ; David Davidovich
-782e fortune mondiale (restauration, métallurgie) … Il est
possible de consulter à loisir consulter sur internet les postes,
fortunes et entreprises détenus par ces oligarques.
On peut également citer dans le cercle fermé des
intimes de Vladimir Poutine, le rabbin loubavitch Berel Lazar, grand
rabbin de Russie. Né à Milan formé dans une école rabbinique de
New York (Collège rabbinique d’Amérique, Morristown, New jersey).
En 1990, Berel Lazar a été nommé rabbin de la synagogue Maryina
Roshcha de Moscou. En 1992, Lazar rencontre à Moscou le diamantaire
israélien Lev
Leviev avec qui il se lie d’amitié. Ce
dernier le présente aux hommes d’affaire juifs russes Boris
Berezovski et Roman
Abramovich. Abramovich, ami intime et appui politique de
Poutine le présente au futur président de Russie qui une fois au
pouvoir le fera grand Rabbin et citoyen russe.
Enfin, on peut également citer Moshe Kantor, de son
vrai nom Viatcheslav Moshe Kantor, né à Moscou en 1958,
businessman, 56e fortune mondiale, ami d’Abramovitch, de
Blavatnik et de Berel mais surtout président du Congrès Juif
Européen depuis 2007.
Poser en conséquence, froidement la question
cruciale de la « multi-polarité » revendiquée par les
pro-russes pour la Russie de Poutine au regard du comportement très
capitalistique et mondialiste de cette garde
rapprochée.
Poser aussi la question du caractère
« oppositionnel » de la Russie au regard des liens
étroits pour ne pas dire « familiaux » que la garde
rapprochée de Poutine entretient avec ses homologues
anglo-saxons (Warburg, Rothschild …), israéliens (Stanley Fischer,
Leviev, Libermann, Idan Ofer …), français (DSK, Sarkozy) ou
sud-africain (Gill Marcus président de la banque centrale d’Afrique
du Sud) …
Sur l’Eurasisme
Percevoir et poser les ambiguïtés multiples du
projet eurasiatique douguinien, ce n’est pas se détourner de la
Russie, mais poser des questions fondamentales, principielles.
Qui dirigera réellement l’ensemble eurasiatique ?
Ou se trouvera son centre politique ? L’eurasiatisme ne
serait-il pas finalement qu’une forme conservatrice et
anti-libérale d’un mondialisme russo-centré ? Quelle est
l’influence de christianisme orthodoxe dans ce projet ? …
Ne pas confondre eurasisme douguinien et eurasisme
poutinien c’est rappeler que le second projet est un marché commun
de l’est, un redéploiement russe dans l’ancien espace impérial
et soviétique.
C’est aussi poser la question de l’influence
réelle (et souvent surestimée) de Douguine sur Poutine.
Ne pas adhérer à l’eurasiatisme c’est demander
plus qu’une simple vision romantique d’un empire mythifié.
Monsieur Douguine est un penseur de grande qualité mais ce n’est
pas un prophète, ce n’est pas notre prophète, nous n’avons pas
besoin de prophètes.
Sur nos camarades pro-russes
S’étonner que les camarades pro-russes arrivent à
justifier la politique du Kremlin avec les mêmes mots que ceux par
lequel l’ennemi capitaliste nous définit. Rappeler de ce fait
qu’il y a des limites à tout, même au suivisme.
Voir se dérouler sous leur plume les mêmes
anathèmes antifascistes à destination des ukrainiens que ceux que
nos ennemis nous lancent, c’est vraiment poser la question de la
raison en politique et souligner que Machiavel pour intéressant
qu’il soit n’est pas l’alpha et l’oméga du politique.
S’étonner encore de cette fabuleuse génération
spontanée de géopolitologues en herbes qui se répandent sur les
réseaux sociaux aussi sentencieux qu’ignorants, reprenant sans
frémir les communiqués officiels russes, falsifiant l’histoire
tout en dénonçant les opérations false-flags
américano-bruxelloises.
Embrasser le folklore stalinien par pure fantaisie,
romantisme ou calcul aussi nébuleux que savant, justifier la
faucille et le marteau dans les manifestations de Crimée, c’est
commettre un crime contre ce qui nous fonde et oublier d’où
viennent les principaux acteurs du développement de ce funeste
courant politique, jumeau totalisant du capitalisme.
Détester l’asymétrie permanente de traitement
entre les vues légitimes des russes et celles tout aussi légitimes
des ukrainiens c’est rappeler aussi au devoir de raison et de
distance à ceux qui jubilent dès qu’un char russe fait trois
mètres.
S’énerver de voir le décalque quasi parfait
entre la rhétorique pro-russe d’aujourd’hui et celle
pro-communiste d’hier. Rappeler le caractère dogmatique d’un tel
mode de communication et appeler au débat selon nos principes et nos
modalités d’expression.
Pointer ceux qui aujourd’hui sont pro-russes en se
justifiant par la géopolitique et qui il y a dix ans étaient
pro-américains selon les mêmes fondements.
S’écœurer parfois de la mauvaise foi récurrente
d’une partie d’entre eux qui propagent sans aucune contre-analyse
les nouvelles et scoops (tous plus faux les uns que les autres)
émanant des officines de propagande russe, c’est mesurer à quel
point certains ont besoin de s’asservir au lieu de servir.
Reposer sans cesse la question du « qui
sommes-nous ? » en obligeant nos camarades pro-russes à
ne pas oublier qu’il y a quelques semaines ils se savaient encore
Français, Européens et différenciés. La confusion de la
puissance, la fascination pour une expression de l’ordre, le désir
ardent de vassalité sont aussi les symptômes de la maladie du
mondialisme.
Porter des sentences définitives, affirmer avec
suffisance les courtes vues des opposants, réduire et schématiser
ce qui toujours dans la géopolitique s’énonce avec complexité,
penser maîtriser l’ensemble des paramètres voilà bien des excès
maintes fois répétés par nos camarades pro-russes (et dans une
moindre mesure dans les soutiens à l’Ukraine). Se rappeler
toujours que nous ne savons pas tout, prendre du recul, peser,
méditer, chercher, creuser et surtout avouer sans honte que l’on
ne sait pas quand on ne sait pas, voilà ce que l’honnêteté et la
mesure commandent aux européens éveillés.
Garder de l’humilité, ne pas considérer l’autre
comme un idiot parce qu’il pense différemment, c’est éviter le
piège constant que l’ennemi nous tend, où qu’il se trouve.
Voir certains pro-russes applaudir la mort de chefs
du Praviy Sektor et leur rappeler qu’ils pleuraient celle des chefs
de l’IRA …
Sur l’ennemi
Répéter sans cesse que critiquer Moscou ce n’est
pas oublier que Washington est l’épicentre de la propagande de
l’ennemi.
Refuser la nouvelle bipolarisation gagnant-gagnant
qui s’opère sous nos yeux et dont l’Europe encore une fois sera
la victime.
Mentionner encore ce document du Club de Rome de
1974 (pages 57, 58, 59) : « … Cette
conception régionale n'est pas contradictoire avec le souci du
développement global. Au contraire, elle
est nécessaire pour
aborder les importants problèmes auxquels le monde est ou sera
confronté. Considérer le
système mondial global comme homogène,
c'est-à-dire le décrire en fonction de la croissance de la
population dans le monde entier, du revenu moyen par tête dans le
monde entier, etc., comme
on l'a fait dans des tentatives précédentes d'établir un modèle
mondial, c'est
pécher par la base et s'exposer à des erreurs.
Il est essentiel de
reconnaître que la communauté mondiale se compose de parties dont
le passé, le présent et le futur sont profondément différents.
Le monde ne peut donc être considéré
comme un ensemble uniforme, mais au contraire comme composé de
régions distinctes bien que liées entre elles. Dans
notre étude, le monde est divisé en dix régions :
1) l'Amérique du Nord; 2) l'Europe occidentale ; 3) le Japon; 4)
l'Australie, l'Afrique du Sud et le reste des pays développés ayant
une économie de marché; 5) l'Europe
orientale, y compris l'Union soviétique;
6) l'Amérique latine; 7) l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient; 8)
l'Afrique tropicale; 9) l'Asie du Sud; 10) la Chine. »Montrer en s’appuyant sur ce texte programmatique comment l’ennemi crée l’illusion des conflits mais gère l’ensemble des relations. Montrer que la mondialisation sectorisée n’est pas seulement possible mais qu’elle a été programmée. Rappeler que l’entente entre oligarques d’est et ouest est un scénario hautement probable même s’il est rejeté d’un revers de main par les pro-russes.
Montrer aussi que l’affaiblissement de l’Europe contribue à la préparer à devenir l’arrière-cour du marché Euro-Atlantique. Les américains se savent sur le déclin. Leurs dernières offensives sont celle d’une puissance qui veut porter loin ses marches avant de se préparer à défendre. Dans ce cadre, ils ont fort bien pu préparer avec les Russes la fin de l’Europe par son éclatement entre le marché Euro-Atlantique et l’Union Eurasiatique. Les récentes discussions bilatérales de Paris entre John Kerry et Sergueï Lavrov témoignent de cette volonté de décider seuls du sort de notre continent. Où est l’eurasisme là-dedans ?
Rappeler que quel que soit le pays (Chine, USA, Russie, France …) le modèle qui tend à s’imposer est un autoritarisme libéral, forme quasi-aboutie de la structure de domination oligarchique : sécurité-consommation-patriotisme.
Sur la France
Penser que toutes ces envolées lyriques sur le
dossier ukrainien (tout comme celles sur la Syrie) sont en partie
l’expression du désarroi et de l’incapacité des militants
français à agir hic et nunc n’est pas insultant, seulement
réaliste.
Percevoir le caractère picrocholin des discussions
sur l’Ukraine au regard de la situation réelle de notre pays c’est
répondre au principe de réalité.
Ne pas vouloir suivre, s’aligner mais préférer
lutter et créer ici c’est maintenir ardente l’idée que nous
sommes d’abord nous-mêmes avant toute chose.
Fonder sa vision du monde sur l’intérêt premier
de la nation et de l’espace européen, c’est préserver notre
caractère de toute forme de mondialisation.
Eviter le piège du parallélisme jacobin qui
renvoie les français «seuls » à une Russie « seule »
contre tous. Ce n’est pas parce que l’UE s’effondre que
l’Europe est morte, bien au contraire.
Sur l’Europe
Ne pas céder à la folie partisane sur le dossier
russo-ukrainien ne signifie pas rester neutre.
Ne pas "choisir son camp" dans un
empressement romantico-géopolitique ne signifie pas "ne pas
choisir", mais rester fidèle à sa nation et à l'idée
d'Europe-Puissance et surtout ne pas tomber dans la propagande de
l'ouest ni de l'est.
Penser l'Europe-Puissance n'a
rien de chimérique mais résulte de l'expression d'une volonté
affirmée et réaliste de résurgence d'un génie propre autant que
le maintien d'une vision géopolitique et stratégique
européo-centrée.
Ne pas sauter du logiciel européen au nouveau dogme
eurasiatique ce n’est pas se disqualifier mais opposer une fidélité
et une distance critique à un objet politique non identifié et
étranger à notre corpus principiel.
Ne pas considérer en quelques semaines que
l’Europe-Puissance c’est dépassé, qu’un projet politique
fondé en partie sur la défense du socle ethnique est
systématiquement voué à l’échec c’est poursuivre le travail
de refondation sans céder à l’exotisme « salvateur ».
Poser comme principe une Europe souveraine c’est
réaffirmer que nous n’avons besoin d’aucun tuteur pour
travailler, édifier, construire notre propre futur.
Ce présent article vaut position officielle du
Mouvement d’Action Sociale sur ce point. Nous observerons dès lors
sur le dossier ukrainien un silence attentif et ce jusqu'après les
élections présidentielles ukrainiennes.
Nous avons ici d’autres batailles qui doivent nous
mobiliser.
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