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dimanche 18 mai 2014

Et si l'Europe achetait les vaisseaux de guerre que la France destine à la Russie ?

Je suis tombé sur cet article très intéressant paru sur le Figaro. Je vais être aux antipodes de la pensée dominante, mais tant pis : je pense que c'est avec ce genre de réalisation que l'Europe peut devenir une Europe puissance. Une vente des Mistrals à l'Europe serait un acte concret, courageux, et véritablement européen. Et cela pourrait représenter un beau symbole d'une armée Européenne qui prendrait la place d'une OTAN vieillotte.
On va dire : ça coûte cher. C'est vrai. D'où l'intérêt de l'Europe. Une nation toute seule peut difficilement en assumer les coûts. D'où aussi la nécessité d'économiser là où il faut (arrêt total de l'immigration, remigration, réorganisation des régions/départements et des dépenses inutiles liées, etc)
On va dire aussi : la France a signé. Certes. Elle a signé avec la Russie. Et la Russie a montré le peu de cas qu'elle faisait d'un bout de papier, avec l'annexion de la Crimée. Donc il faut appliquer les règles de la Russie : le bout de papier : à la poubelle s'il ne convient pas à nos intérêts.



Pour les auteurs, Claudia Major et Christian Mölling, la France ne doit pas livrer à la Russie les porte-hélicoptères commandés par Moscou. À la place, l'Europe devrait les acheter et les utiliser pour des opérations européennes. 
 Claudia Major et Christian Mölling sont chercheurs, spécialistes des questions de sécurité et défense à l'Institut allemand des Affaires internationales et de sécurité (SWP), un think tank outre-Rhin.

La crise en Ukraine met la France - et avec elle l'Europe entière - face à un problème d'armement majeur. En 2011, Paris a conclu une affaire déjà épineuse à l'époque en s'engageant à livrer jusqu'à quatre bateaux de guerre (Bâtiment de Projection et de Commandement - BPC) de type Mistral à la Russie pour la somme de 1,2 milliard d'euros. Le contrat inclut également un transfert de savoir-faire concernant la construction et le fonctionnement de ces bâtiments. Le premier doit être livré fin 2014. Ces navires, des porte-hélicoptères d'assaut amphibie, sont capables d'abriter troupes, hélicoptères et péniches de débarquement pour une invasion amphibie, de servir de quartier général flottant pour toutes sortes d'opérations militaires ou d'hôpital militaire.
Au moment où la crise ukrainienne s'intensifie, il est légitime que ce contrat soit remis en question, les ambitions géostratégiques de Moscou à long terme étant pour le moins nébuleuses. C'est pourquoi la France ne doit en aucun cas armer la marine russe d'une telle manière.
Paris se retrouve ainsi devant un choix difficile: ce contrat est important pour le chantier naval public DCNS et pour le constructeur de bateaux semi-privé STX. Le Président français a la possibilité de rompre le contrat. Mais cela provoquerait des protestations à l'Ouest du pays, il faudrait rembourser à Moscou les sommes déjà versées et au bout du compte le Président devrait s'atteler à la recherche de nouveaux contrats pour DCNS.
Ou alors il ne s'oppose pas à l'exécution du contrat. Dans ce cas, il porterait à double titre un coup bas à ses partenaires européens, plutôt unis pour le moment. Paris devrait alors bloquer le troisième niveau de sanctions économiques vis-à-vis de la Russie, car celles-ci empêcheraient les contrats d'armement. Mais surtout, le Président Hollande permettrait à la Russie de se doter de capacités d'attaque amphibies parmi les plus modernes, alors même que cette dernière, qui partage des frontières terrestres et maritimes avec plusieurs pays de l'UE et de l'OTAN, se montre ces temps-ci particulièrement belliqueuse.
Cette affaire n'est donc pas seulement un problème français, mais bien un problème européen. Or, l'Europe offre aussi une chance de transformer ce dilemme français en atout européen: l'UE devrait racheter ces bateaux et les utiliser à ses propres fins. Il existe ici un réel besoin - aussi bien militaire que civil: l'Allemagne souhaite depuis longtemps acquérir une base opérationnelle maritime. Les formations amphibies européennes sont actuellement en déclin et ces acquisitions trop coûteuses pour la plupart des pays pris individuellement. De plus, les prochaines opérations d'envergure seront sans doute des opérations conjointes. S'il y avait des bateaux européens, les pays membres pourraient également s'épargner les interminables discussions pour savoir quelle nation mettra à disposition ses propres bâtiments.
En outre, l'Europe donnerait un signal politique fort, aussi bien à la Russie qu'aux Etats-Unis: un achat européen serait un grand pas en avant vers plus d'action conjointe entre les armées européennes et ainsi vers une plus grande force militaire commune. L'UE veut se doter prochainement d'une stratégie de sécurité maritime - ces bâtiments représenteraient un pas concret pour en réaliser la partie militaire. Enfin, l'UE s'engagerait concrètement vers un quartier général européen. La France apporterait ainsi une contribution à l'Europe de la défense, dont le Président Hollande avait promis la relance.
Ces navires pourraient par exemple être soumis au commandement naval conjoint de la Belgique et des Pays-Bas, qui n'aspirent pas à des ambitions maritimes hégémoniques et qui ont l'habitude de coopérer. Le personnel militaire serait issu de toutes les armées européennes. Les structures intégrées de commandement de l'OTAN ainsi que les avions Awacs que possède l'Alliance montrent qu'une acquisition et un fonctionnement communs sont possibles.
De plus, ces bateaux ont également une utilité civile. Ils pourraient servir de base, de poste de commandement et d'hôpital militaire à des interventions humanitaires. Ce type de navire a fait défaut lors de la catastrophe naturelle d'Haïti en 2010. Les utilisateurs potentiels et payants seraient la Commission européenne ou les Nations Unies.
Pour que l'Europe ne se retrouve pas une nouvelle fois dans ce genre d'eaux troubles, elle devrait lier cet achat à des négociations visant à consolider le secteur naval. C'est ici que se trouve la source du dilemme français: les nationalismes industriels des Etats membres ont créé, avec l'argent des contribuables, des industries navales surdimensionnées, qui exportent pour le meilleur et pour le pire. Ce n'est pas un problème purement français, mais bien là encore un véritable enjeu européen.







MAJ 20/05/2014 :


Ventes de Mistrals: Armer un agresseur ou construire une défense européenne commune?
La France devrait renoncer à vendre deux navires à la Russie, un pays expansionniste qui n'hésite pas à envahir des pays souverains et se pose en adversaire belliqueux de l'Union européenne.
Par Clement Ch. LEXPRESS.fr publié le 19/05/2014

Pourquoi armer un pays expansionniste qui a déjà prouvé à plusieurs reprises qu'il n'hésite pas à envahir des pays souverains et qui se pose en adversaire belliqueux de l'Union Européenne? Pourquoi donc notre gouvernement ne veut pas annuler cette vente, au risque de mettre en péril la sécurité de nos alliés et donc de l'Europe?
"EMPLOIS"?
On pourrait penser que c'est pour protéger des emplois. La Russie elle-même utilise cet argument. Mais non - d'après le directeur de STX France cité par Ouest-France, en dehors des Mistrals, "le chantier (de Saint Nazaire) va avoir un très gros paquebot à livrer tous les ans jusqu'en 2019", un carnet de commande tel qu'on n'en avait pas vu depuis 1990.
"RÉPUTATION DE LA FRANCE?"
La Russie crie aussi à qui veut bien l'entendre que casser ce contrat entacherait la réputation de la France. Mais la vente même des Mistrals à une Russie agressive et fascisante entache la réputation de la France, et rend la République française et le peuple français complices des agressions de Poutine et de la montée du fascisme en Europe. En outre, livrer ces bâtiments à la Russie rendrait impossible pour l'Ukraine de reprendre la Crimée, et revient donc de facto à reconnaitre l'annexion de la Crimée, et in fine à collaborer avec Poutine dans sa tentative de redessiner les frontières de l'Europe par la force et de redéfinir les règles du jeu de l'ordre mondial.
"SOLUTION: VENDRE LES 2 NAVIRES A L'EUROPE"
L'acquisition de ces navires s'intégrerait parfaitement dans le plan européen de défense maritime, et dans le projet de renforcement de la défense européenne du président Hollande. En outre, les Mistrals pourraient servir dans des opérations humanitaires, comme hôpitaux, dans des crises comme celle de Haïti où de telles unités auraient été les bienvenues. L'Europe pourrait donc remplacer la Russie comme client, pour ce contrat et pour d'autres, si nos leaders trouvent la volonté politique de construire l'Europe de la défense.
Au lieu d'adopter des solutions court termes dangereuses, nos dirigeants, de droite comme de gauche, feraient mieux de travailler sur une vision stratégique pour notre sécurité et celle de nos alliés, et sur le rôle de notre industrie de défense dans ce cadre. Serait-ce trop leur demander de ne vendre certaines armes stratégiques qu'à nos alliés, ou pour eux l'attrait du profit à court terme est-elle plus importante que le risque que ces ventes font planer sur la paix et la démocratie en Europe? D'autant que (...) il est possible de concilier les intérêts de notre industrie de défense avec ceux (bien supérieurs) de notre sécurité en bâtissant une défense européenne commune.





5 commentaires:

  1. Ce serait une très bonne idée.
    Mais là, il semble que ce soit trop tard.
    Si l'UE sort différente du prochain vote, il faudrait faire du lobbying en ce sens !

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  2. Oui, c'est trop tard. Et avec Flamby à la tête de la France, il ne faut s'attendre à aucune surprise ni à aucune réalisation grandiose pendant plusieurs années.
    Ces auteurs allemands montrent cependant qu'il existe encore en Europe quelques élites dignes de ce nom. Elles existent, mais elles ne sont pas écoutées du pouvoir (nos gouvernants préfèrent écouter les lobbies qui contribuent au "renouveau" de notre civilisation, comme LGBT et Gender, MRAP, SOSracisme, LICRA, etc etc).
    Pour ce qui est de l'avenir de l'UE, tout reste à écrire. Il nous manque quelques personnalités de grande éloquence.

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  3. Ce qui me chagrine ce n'est pas tant que l'on vende ces bateaux à la Russie mais que l'on brade notre technologie. A combien peut-on chiffrer ce programme d'armement en terme de R&D ? Certainement plus de 1,7 milliards d'euros. Les russes vont profiter de ce transfert de technologie pour combler leur retard en terme de construction navale et ne se gênerons pas pour concurrencer la France à l'avenir. Il est désolant de voir la France dilapider le peu d'atouts qui lui restent surtout à l'avantage d'un faux ami comme la Russie.

    Interview de Christian Harbulot au sujet de son dernier livre Le sabordage de la puissance française

    https://www.youtube.com/watch?v=fIeWipmUK2s

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    1. Espérons que l'on ne transfèrera pas la technologie d'Airbus aux chinois

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    2. L'arrivée des marins russes encore reportée :

      http://www.ouest-france.fr/larrivee-des-marins-russes-encore-reportee-2639699

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