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samedi 21 juin 2014

« Pourquoi la France doit accueillir Snowden »

La sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly a déposé avec sa collègue de l'UDI Chantal Jouanno une proposition de résolution au Sénat visant à faire d'Edward Snowden un citoyen d'honneur et à lui offrir l'asile en France.
 Elles ont été imitées le 11 mai par le député centriste Yves Jégo. Mme Morin-Desailly a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous pris la décision de soutenir Edward Snowden ?
Catherine Morin-Desailly : C’est lui qui a eu le mérite de faire prendre conscience de l’enjeu de la surveillance dans nos sociétés numériques. Nous avons tout de suite réagi au sujet des écoutes de la NSA : une mission commune d’information sur le rôle de l’Union européenne dans la gouvernance de l’Internet, dont je suis la rapporteure, a été lancée et rendra ses conclusions à la fin du mois.
Etes-vous en contact avec lui ?
Nous sommes en contact avec son avocat, mais dans le cadre de notre mission d’information où il a été auditionné.
Pensez-vous voir cette résolution adoptée ? Arriverez-vous à convaincre des sénateurs socialistes de se joindre à vous ?
Je suis confiante. Il est difficile de parler à leur place, mais j’ai évoqué la question avec certains d’entre eux et nous avons soumis le projet de résolution à l’ensemble des groupes parlementaires. Gaëtan Gorce (PS, Nièvre), par exemple, est très attentif à ces questions.
Cette résolution n’étant pas contraignante, qu’espérez-vous ?
Il s’agit de sensibiliser nos gouvernants sur le choix qui se présente entre une société de l’hyper-surveillance, où on n'ose plus rien, et un monde où les technologies respectent nos valeurs. Il y a une vraie réflexion à avoir aujourd’hui : il s’agit de conserver Internet et son potentiel de croissance, mais il y a des règles à respecter. Jusqu’ici, le statu quo a prévalu, les infrastructures d’Internet étaient surtout américaines, mais désormais tout est numérisé et cela devient donc un enjeu mondial.
Ne craignez-vous pas, si le Sénat réclame l'octroi du droit d'asile à Snowden, de mettre la France en délicatesse par rapport aux Etats-Unis, où il est réclamé ?
Non, parce que la vraie menace, c’est qu’il y ait une perte de confiance dans le monde numérique et son économie, les géants du Net comme Google le disent eux-même. De plus, ils sont contraints de fournir des données, notamment de citoyens européens, à la NSA. Ils sont donc aussi dans une situation compliquée. Aux Etats-Unis, le souvenir du 11-Septembre est très difficile, mais en même temps, la collecte massive de données va au-delà de la seule lutte contre le terrorisme. Réaffirmer nos valeurs ne va pas entacher nos relations. Il faut par exemple que la question des données personnelles soit incluse dans la discussion sur le Traité de libre-échange transatlantique.
Pensez-vous qu’en France nous n’avons pas réagi suffisamment aux révélations Snowden ?
Je m’étonne de la différence d'attitude entre Angela Merkel et François Hollande. Passé le choc des premiers articles de presse, c’est retombé, on n’a pas poursuivi le sujet. Je n’ai pas été surprise des révélations sur la NSA, connaissant les failles de protection qui existent au sein de l’Union européenne. On ne s’est pas assez préparés, on a pas été assez stratégiques pour rentrer dans ce nouveau monde.
Comptez-vous porter le sujet Snowden au niveau européen ?
Nous avons essentiellement des contacts avec le Bundestag, mais on essaie de sensibiliser tous nos collègues européens à ce sujet. Et depuis un an, il y a une vraie prise de conscience européenne : si on veut porter un Internet ouvert, il faut faire valoir ces grands principes.







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