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lundi 18 août 2014

Propagandastaffel

Le Gleichschaltung, en allemand la Mise au pas, est le processus mis en œuvre par Adolf Hitler et le parti nazi pour accéder au pouvoir total en Allemagne et pour mettre la société au pas. Ce processus vise toutes les sphères de la société, politique, économique, religieuse et culturelle, et concerne l'ensemble de la population. Il a notamment pour objectif d'éliminer toute opposition réelle ou potentielle. Les moyens employés étaient la séduction, l'intimidation ou la terreur. 

Le Propagandaministerium (ministère du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande), créé par Goebbels, dont le nom reste indissolublement lié à l'emploi des techniques modernes de la manipulation des masses , avait pour mission de contrôler l’ensemble du secteur culturel et des médias et de les mettre au service de la propagande nazie.
La Propagandastaffel (en allemand « escadron de propagande ») était un service chargé par les autorités allemandes de la propagande et du contrôle de la presse et de l'édition françaises pendant l'Occupation.
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 La guerre se joue (aussi) sur le net : Cessons de servir la propagande russe
 
Depuis le début de la crise ukrainienne, un discours structuré de défense systématique des actions de la Russie est très dynamique sur les réseaux sociaux, dans des médias officiels russes publiés en français et leurs relais d’opinion en France. Il relève d’une propagande qui joue habilement sur un aspect commun à plusieurs cultures politiques françaises, l’anti-impérialisme, lui permettant de trouver un écho dans des milieux politiques variés.
Ce discours est organisé en plusieurs points, que l’on retrouve dans des proportions et sous des formulations variées en fonction des interlocuteurs. Tout d’abord, la Russie ne fait que se défendre face à l’expansion de l’OTAN et de l’Union européenne (donc des Etats-Unis) qui cherchent à la priver de sa sphère d’influence naturelle en suscitant des changements de régime sur ses marches.
Ensuite, il n’est pas dans l’intérêt de la France de s’aligner sur les Etats-Unis : c’est la preuve de la disparition d’une politique étrangère autonome, désormais soumise à Washington.
Enfin, le comportement des Etats-Unis – dont les mensonges ont été suivis de l’intervention en Irak et qui ont commis des actes de torture, ont poussé à la guerre en Libye et ont failli commettre le même crime en Syrie –, vaut bien celui de la Russie.
 
Tous ces arguments sont unis par un substrat anti-impérialiste qui permet de couvrir une large partie du spectre politique français, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Il convient néanmoins de répondre point par point à ces arguments fallacieux.
Dans un premier temps, l’« expansion » de l’OTAN et de l’Union européenne n’ont rien à voir avec une absorption des anciennes possessions soviétiques par une hydre américaine : ce sont des organisations politiques auxquelles des Etats souverains demandent à adhérer, et leur demande est validée à l’unanimité des membres. Il faut en revanche rappeler que l’OTAN a unilatéralement décidé de ne pas stationner de troupes dans les anciens pays du pacte de Varsovie, a proposé à la Russie de s’associer au projet de bouclier antimissile, a créé un Conseil OTAN-Russie afin de permettre une coordination politique accrue avec Moscou, tandis que Barack Obama tentait un redémarrage des relations américano-russes. Tout cela pour éviter de froisser le Kremlin. En vain.
Dans un deuxième temps, oui, sanctionner économiquement la Russie a un coût pour la France : c’est normal, ce sont les règles de l’interdépendance économique. Il faut au contraire souligner que, dans la conduite d’une politique étrangère, les intérêts économiques ne sont pas tout : il faut arbitrer entre incitations économiques, défense d’un projet politique (fondé sur des valeurs) et enjeux stratégiques. Dans le cas présent, il est louable que le gouvernement préfère sacrifier les exportations agricoles plutôt que de tolérer l’annexion d’un territoire et le soutien à la poursuite d’une guerre dans un Etat limitrophe : le comportement russe doit nécessairement susciter des réactions.
Enfin, dans un dernier temps, oui, les Etats-Unis ont violé le droit international en intervenant en Irak et ils ont commis des actes de torture dans ce pays et en Afghanistan. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont été en retrait sur la Libye et ont saisi la première occasion pour ne pas avoir à intervenir en Syrie : le traumatisme de l’Irak et la fatigue de la guerre sont réels dans la société américaine.
UN ETAT AUTORITAIRE
Néanmoins, le relativisme moral est mal placé. D’un côté, une démocratie dont les dirigeants sont régulièrement renouvelés, les soldats sanctionnés lorsqu’ils violent le droit international humanitaire, qui dispose d’une presse libre et reconnaît les droits des minorités.
De l’autre, un Etat autoritaire, dont la brutalité des troupes s’exerce en Tchétchénie, en Géorgie et en Ukraine, où les homosexuels sont pourchassés et la liberté d’expression un concept oublié. Personne ne dit que les Etats-Unis sont parfaits, mais créer une équivalence morale entre les deux pays relève de la cécité ou de la complicité.
Vladimir Poutine veut être entouré d’Etats vassalisés – auxquels il dénie donc la souveraineté qu’il prétend défendre par ailleurs – et, obnubilé par son maintien au pouvoir, ne peut pas concevoir qu’une révolution telle que le soulèvement de Maïdan à Kiev ne soit pas forcément un complot américain.
L’exploitation habile par la propagande russe de divers aspects de l’anti-impérialisme commun à plusieurs courants politiques français fausse ainsi la perception d’une politique russe particulièrement inquiétante pour la sécurité de l’Europe et de la France.

  Olivier Schmitt (Docteur en relations internationales, Université de Montréal)

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