La Russie et son armée hybride dans le Donbass ukrainien ne respecte
pas les accords de Minsk II. Selon Iryna Herachtchenko, députée au
Parlement ukrainien (membre du Bloc Porochenko) et responsable du Comité
pour l’intégration européenne, considère que «face à Poutine, la
crédibilité de Merkel et Hollande est en jeu».
Dans son interview à Libération, elle dresse un premier bilan des accords Minsk II du 12 février.
► Le cessez-le-feu est-il respecté ?
Les violations du cessez-le-feu sont quotidiennes et, depuis son entrée
en vigueur le 15 février, plus de 70 soldats ukrainiens ont été tués.
Il était spécifié dans les accords que tous les prisonniers seraient
libérés avant le 19 mars. Or, plus d’une centaine de nos citoyens sont
toujours détenus, dont la pilote Nadia Savtchenko, arrêtée en Russie en
juin et toujours incarcérée bien qu’élue au Parlement. Les séparatistes
affirment avoir retiré les armes lourdes de la zone de front mais les
experts de l’OSCE n’ont pas accès aux zones les plus sensibles pour le
vérifier. Je voudrais aussi rappeler que la prise de Debaltseve a eu
lieu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Il y a eu depuis de
fortes concentrations de troupes autour de Marioupol, mais la situation
réellement préoccupante autour de ce port ne doit pas nous faire oublier
ce qui se passe ailleurs. Il n’y a aucun réel contrôle de la frontière
entre la Russie et les zones tenues par les séparatistes. Les armes et
les hommes continuent de passer. Après chaque arrivée de prétendus
convois «humanitaires», il y a des reprises des tirs.
► Qu’attendez-vous des Européens ?
François Hollande et Angela Merkel ont personnellement parrainé la
réunion de Minsk et la signature des accords. Leur crédibilité est en
jeu. Vladimir Poutine a pris devant eux des engagements et il ne les
respecte pas. Il y a un an exactement, il annexait la Crimée tout en
clamant qu’il n’y avait aucun soldat russe à l’œuvre et qu’il s’agissait
d’une révolte de la population locale. Désormais, il se vante dans un
film de la télévision russe - Crimée, le retour à la mère patrie -
d’avoir personnellement planifié toute l’opération et assure que le
déploiement des forces russes s’est fait sur son ordre. Il a voulu faire
la même chose dans l’est de l’Ukraine mais il a été surpris par la
résistance de la population et de notre armée.
►Qu’est-il possible de faire ?
La Russie utilise le conflit du Donbass pour ruiner l’Ukraine. Cette
guerre que nous n’avons pas voulue nous a déjà coûté un effondrement de
20% de notre PIB. Nous sommes à un moment charnière. Si le monde - en
premier lieu l’Europe et les Etats-Unis - regarde la réalité en face,
les choses peuvent aller dans le bon sens. S’il ferme les yeux sur ces
violations des accords, alors le Kremlin ne s’arrêtera pas. Pour cela le
président, Petro Porochenko, demande que soient déployés dans la zone
du conflit une mission de l’Union européenne mais aussi des Casques
bleus de l’ONU.
[Il y a quelques jours le Président ainsi que le
parlement de l'Ukraine ont demandé à l'ONU le déploiement des Casques
bleus dans le Donbass]
Libération
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