Lors de cette
séance qui se déroule à huis clos, sous la surveillance d'une
force étrangère armée [militaires russes], les élus présents
renvoient le gouvernement local. Ils renversent le Premier ministre
en place, un proche de Ianoukovitch, et nomment Sergueï Axionov pour
le remplacer. Cet homme d'affaire de 40 ans, qui dirige le parti
Unité russe, milite ouvertement pour le rattachement de la Crimée à
la Russie, mais demeure assez marginal : il n'a remporté que 4%
des suffrages aux élections précédentes. Propriétaire d'un réseau
de magasins et de biens immobiliers, il a été accusé d'avoir des
liens avec la mafia, au sein de laquelle il serait connu sous le
surnom de Gobelin. Visé en 1995 par une enquête portant sur des
meurtres commandités, il n'a jamais été condamné.
Lors de cette
séance, les députés [on se sait combien étaient présents. Un
député local, Nikolaï Sumulidy, a raconté plus tard que seuls 37
étaient présents, sur les 100 qui composaient l'assemblée] votent
aussi la tenue d'un référendum portant sur l'autonomie de la
Crimée, prévu le 25 mai suivant, soit le jour de la présidentielle
ukrainienne. Les décisions du Parlement n'étant pas immédiatement
publiées, elles restent ignorées de l'extérieur. Puis les
événements s’accélèrent. Les « petits hommes verts »
, selon le surnom donné aux soldats russes, se déploient le
lendemain à l'aéroport civil de Simferopol. (…) Ils se déploient
également aux abords de toutes les bases militaires ukrainiennes.
Alain Guillemoles, Ukraine, le réveil d'une nation
(chapitre 6 : reconstruire un Etat. Page 130)
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