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mardi 18 août 2015

Une journaliste remporte son procès contre l’agence de propagande pro-Poutine

Après avoir infiltré l’Internet Research Agency et avoir écrit pendant deux mois des commentaires pro-Poutine partout sur Internet, une journaliste a voulu utiliser le droit du travail pour mettre à mal cette agence de propagande pro-russe.
Lundi 17 août, un tribunal russe a dédommagé d’un rouble symbolique la journaliste Lyudmila Savchuk. Inflitrée pendant deux mois au sein de l’Internet Research Agency, une agence de propagande pro-russe, elle a attaqué son ex-employeur pour violation du code du travail puisqu'elle n'avait jamais reçu de contrat et qu'elle était payée en cash. L'objectif indirect de ce procès était de mettre en lumière la propagande opérée par l'agence et son influence néfaste dans le débat public.
Pendant deux mois, Lyudmila Savchuk, activiste de longue date, a été une «troll du Kremlin». Elle s'est infiltrée dans l’agence pour observer son fonctionnement.

Victoire symbolique

Elle s’était ensuite confiée à la presse avec d’autres collègues en avril et avait permis de faire connaître l’existence de cette agence de désinformation. Une longue enquête du New York Times a ensuite expliqué en détail comment l’Internet Research Agency inondait Internet de commentaires et de publications pro-Poutine, notamment dans le cadre de la bataille de l’information qui fait rage sur la question ukrainienne.
Dans les faits, la journaliste n’a gagné qu’un rouble, et n’a pas obtenu la fermeture de l’agence, qu’elle réclamait. Mais sa victoire est bien plus symbolique et elle se réjouit d’avoir déjà gagné son procès malgré la corruption russe:
«Nous avons réussi à prouver en Russie que les trolls existent, ce qui était le but principal.»
L’Internet Research Agency n’a pas répondu aux médias, tandis que le Kremlin, interrogé par DW, a nié tous liens avec l’organisation.





 
Une visite de «l'usine à trolls» du Kremlin :

« IMPERATIVEMENT utiliser les mots-clés dans le titre du post»

«Utiliser les infographies ou vidéos trouvées sur YouTube sur la thématique du post»

«Un post doit contenir au moins 700 signes pour l'équipe de jour et pas moins de 1.000 pour celle de nuit...»
Non, ces exigences ne sortent pas du manuel du parfait community manager, mais des directives adressées à l'équipe de trolls du Kremlin, comme le rapporte Global Voices Online.
Le journaliste russe de Moï Region Andreï Sochnikov a pu s'entretenir avec un employé de l'Internet Research Agency, à Saint-Pétersbourg. Plus de 400 personnes y sont payées à poster des points de vue pro-Kremlin sur les réseaux sociaux, comme le racontait Libération en 2014. Il a pu réaliser une vidéo en caméra cachée dans les bureaux de l'agence.
Global Voices Online explique que Sochnikov a obtenu des documents permettant de mieux comprendre le fonctionnement des contributeurs comme les directives ci-dessus, une liste partielle de faux comptes LiveJournal utilisés par l'agence russe ainsi que des éléments de langage fournis aux employés concernant l'assassinat de Boris Nemtsov:
«Note technique du 28 février: Idée principale: émettre l’opinion que des agents ukrainiens pourraient être impliqués dans la mort de l'opposant russe.»
Dans les documents récupérés par le journaliste, on trouve le compte de «Natalia Drozdova», une employée de l'agence qui se nomme en réalité Tatiana Kazakbaïeva et utilise LiveJournal, Twitter, Facebook, Google+ et VKontakte (le Facebook Russe). Les posts de «Natalia» n'ont rien de particulier la plupart du temps: elle parle du retrait du smiley «se sentir gros» (dont nous vous parlions ici) ou partage des parodies de Cinquante nuances de Grey. Mais «Natalia Drozdova» donne aussi son avis sur la politique iranienne ou sur l'assassinat de Boris Nemtsov. Conformément aux directives de l'agence, elle a publié un article sur LiveJournal qui débute de cette façon: 
«Depuis ce matin, je suis assise et je lis les circonstances de la mort de Nemtsov. Plus je lis et plus j'en suis convaincue: il a simplement été sacrifié par les siens.»
Global Voices Online précise que, dans un commentaire publié sous l'article de Moï Region, l'expert de l'Internet russe Anton Nossik explique que ces commentateurs pro-Kremlin rémunérés sont facilement repérables et ont donc peu d'impact sur l'opinion publique. 

Slate


 

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