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lundi 7 mars 2016

Hervé Mariton pas très poutinien, Estrosi le pourri, et Sapir chez Sputnik

Sapir travaillera dorénavant pour Sputnik. Peut-être que ça évitera aux médias russes d'attribuer les mots d’une écrivaine au pape François ? (cf StopFake)  Je ne sais pas pourquoi, mais j'en doute...
Bon, le fait qu'il soit un collabo de l'agence gouvernementale russe n'est un secret pour personne (cf Arrêt Sur Image). Disons que maintenant c'est officiel. L' Action Communiste est semble-t-il ravie, tout comme le sera Marine LePenskaïa.




Un petit mot sur Estrosi. Ce guignol, qui cumule les mandats mais pas les diplômes, vient de recevoir la clique poutinienne de Crimée dans sa ville de Nice, suscitant ainsi la colère de l'ambassadeur d'Ukraine. Ajoutons pour compléter ce tableau obscène que le motodidacte compte se rendre en Crimée, au mépris des sanctions européennes touchant ce territoire.

Compte tenu du niveau intellectuel et moral dudit Estrosi, il est assez bienvenu qu' Hervé Mariton dénonce l’aveuglement de la droite face à la politique de Poutine en Syrie.


Mariton dénonce la poutinolâtrie d'une partie de la droite

Une petite musique dérangeante monte à droite depuis plusieurs mois, celle du poutinisme, mélange d’autoritarisme, d’antiaméricanisme et d’antilibéralisme. Pour certains, Vladimir Poutine fait figure d’homme providentiel, il s’agirait d’un homme d’Etat défendant légitimement les intérêts de son pays et de son peuple, à la fois contre une agression supposée d’un Occident cherchant à l’encercler et contre la montée du djihadisme au Moyen-Orient. La crise ukrainienne et la crise syrienne seraient des illustrations du retour de la Russie sur la scène internationale et de sa capacité à remettre de l’ordre, après l’échec flagrant de l’Europe et des Etats-Unis.
Les propagandistes du Kremlin ne doivent pas en croire leurs yeux, de voir avec quelle facilité leurs thèses sont épousées par bon nombre de responsables politiques européens, singulièrement au sein d’une partie de la droite française. Qu’est-il advenu de notre combat pour la liberté ?
Nombreux sont ceux qui ont salué l’engagement militaire du Kremlin auprès du régime de Bachar Al-Assad, du Hezbollah et de l’Iran, y voyant une manière de résoudre enfin l’interminable crise syrienne. Je n’ai jamais partagé cette vision et ne puis que constater aujourd’hui que les faits me donnent tragiquement raison.

La stratégie de Poutine vouée à l’échec
N’en déplaise aux cyniques et aux machiavels aux petits pieds, je ne pense pas que la raison d’Etat puisse conduire des hommes politiques responsables à soutenir de la sorte un tyran, dont les mains sont pleines du sang de son propre peuple, ni une organisation terroriste (le Hezbollah) qui menace directement l’un de nos amis dans la région, Israël. De telles positions diplomatiques devraient suffire à discréditer leurs auteurs. Surtout que le déshonneur s’accompagne ici d’une profonde erreur d’analyse, car la politique de Poutine en Syrie est à la fois inefficace et totalement incompatible avec nos propres intérêts.
Tout d’abord, comment croire que l’on pourra mettre fin à la guerre civile en Syrie en s’appuyant exclusivement sur un arc chiite et, dans une moindre mesure, sur les forces kurdes quand on sait que la majorité de la population de ce pays est arabe sunnite ? Sauf à considérer, comme le fait Vladimir Poutine, qu’il n’y a aucune différence entre les djihadistes et les opposants au régime d’Assad et que la seule stratégie qui vaille est celle du tapis de bombe contre les groupes rebelles et les populations civiles environnantes, on voit bien qu’il y a là une impasse politique totale.
Ensuite, on confond deux menaces distinctes pour l’Europe à travers cette crise : celui du flux de réfugiés qui fuient la guerre civile pour rejoindre les pays voisins (Turquie, Liban, Jordanie) et l’Europe, et celui de base arrière du terrorisme en Irak et en Syrie qui nous menace directement, comme l’ont rappelé les événements tragiques du 13 novembre. La fable véhiculée par certains est de faire de Daech la cause unique de ces deux phénomènes. Il n’en est rien : si cette organisation est à l’évidence à détruire pour diminuer la menace terroriste, elle n’est pas la cause première de la crise des réfugiés. Ce sont avant tout les exactions du régime syrien et aujourd’hui les bombardements aveugles russes, notamment dans la région d’Alep, qui viennent grossir les rangs des réfugiés syriens et qui fait donc peser une menace majeure pour toute l’Europe.

Dénoncer les doubles jeux
En frappant très majoritairement les groupes rebelles sunnites, pour lesquels je n’ai pas de sympathie particulière mais que je ne confonds pas pour autant avec les barbares djihadistes, plutôt que de frapper Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] , la Russie joue un jeu totalement pervers en Syrie qui accentue la déstabilisation du pays, éloigne la perspective d’un règlement politique et accentue le problème des réfugiés auquel l’Europe est confrontée.
La droite française n’a rien à gagner à s’aligner sur la vision diplomatique de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, pour qui « Vladimir Poutine va régler le problème [en Syrie] ». Elle se discrédite également quand certains prônent une intervention militaire occidentale au sol, qui ne ferait qu’exacerber la crise. Elle doit plutôt dénoncer les doubles jeux intolérables et l’absence de prise de responsabilité des puissances régionales, qu’il s’agisse de la Russie, de l’Iran, de la Turquie ou de l’Arabie saoudite, dont aucune ne s’applique réellement à combattre Daech. La France, l’Europe et les Etats-Unis doivent renforcer leur alliance pour obtenir un cessez-le-feu des différentes forces en présence, à l’exclusion de Daech.
C’est un ami de la Russie, de son peuple, de sa culture et de sa langue, qui tient ces propos. Je ne me résigne pas à ce que les Russes soient condamnés à l’autoritarisme et à la dégradation vertigineuse de leur économie que l’aventurisme militaire de Vladimir Poutine ne parviendra pas à cacher bien longtemps, comme j’ai pu le rappeler lors de mon dernier déplacement à Moscou. Le dialogue entre l’Europe et la Russie est une nécessité pour construire un avenir partagé, mais ce n’est pas en adoptant une posture couchée et en légitimant les coups de force de son président que nous y parviendrons durablement.
Par Hervé Mariton, ancien ministre, député et maire de Crest, vice-président du groupe d’amitié « France-Russie » , Tribune publiée dans Le Monde





Il semble que l'opinion d'Hervé Mariton ait un peu évolué sur la question poutinienne, ce qui est un signe d'intelligence. Il y a quelques mois, il n'était pas très clair sur la question. La prudence devait s'imposer face à ce sujet délicat, je suppose. Et puis, appartenant au même parti que Sarkosy, lequel est très poutinolâtre, il fallait arrondir les angles. C'est comme ça en politique.
Pour mémoire, en 2014, interrogé sur la suspension de la vente du Mistral, il estimait que "La décision de F. Hollande n'a aucune conséquence opérationnelle et abîme la relation avec la Russie de façon inutile". Il affirmait que Poutine "n'a aucune intention territoriale sur l'Est de l'Ukraine". À ses yeux, même si "l'intervention russe doit être condamnée", la Russie, "qui est en Europe, n'est pas un ennemi et doit être traitée en amie."
En tout cas, cette tribune montre qu'à droite, il existe aussi des personnalités qui ont un courage politique et une vision juste de ce qu'a entrepris Poutine depuis l' Anschluss de la Crimée.






Compléments sur le guignol Estrosi :
- https://informnapalm.org/fr/christian-estrosi-vicissitudes-de-lhistoire/
- http://crcuf.fr/communique-de-presse/cp-3-mars-2016


3 commentaires:

  1. Bonne surprise, ce revirement de Mariton!

    La politique et les opérations de Poutine en Syrie ne sont pas justifiables moralement ; elles ne sont pas, non-plus, avantageuses pour la France et pour l'Europe dans la mesure où les massacres de population civile provoquent un afflux de réfugiés qu'il est difficile de recevoir et difficile de refuser. La mise en difficulté de l'Europe est l'un des buts de Poutine.

    S'il s'agit de l'Etat Islamique (Daech) la politique de Poutine est loin d'être claire. Les troupes Russes et celles de Bachar attaquent fort peu l'Etat Islamique. Bien plus, il y a des accords de revente de pétrole entre l'Etat Islamique (EI) et Bachar. Ainsi lorsque l'aviation française a bombardé les installations pétrolières aux mains de l'EI en Syrie La Russie a protesté disant que ni la Syrie, ni l'ONU n'avaient appelé la France à intervenir.

    Par ailleurs 1/ les principaux dirigeants de l'EI sont d'anciens officiers de Sadam qui ont été formés en URSS et suivis très longtemps par Primakov. 2/ Lorsque le FSB russe repère des éléments islamistes dans le Caucase, il leur donne un passeport et les expulse vers la Syrie. 3/ Des politologues russes (Andrei Piontkovsky, Stefan Bialkovsky, etc...) sont persuadés que les attentats islamistes de Paris qui survenaient juste à la veille d'une rencontre internationale traitant des problèmes du Proche Orient, ont été perpétrés à l'instigation de Poutine.

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  2. J'ai commis une erreur dans le prénom et le nom de l'un des politologues russes, il s'agit en réalité de Stanislav Belkovsky (Станислав Белковский) et non de Stefan Bialkovsky.

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  3. Absolument. Je pense que Poutine est ravi qu'on l'ait sollicité pour participer aux bombardements contre l'EI. Et qu'il profite de cette situation à la fois pour conforter son allié Assad, et surtout pour bombarder les opposants d'Assad qui ne sont pas de l'EI, et qui ensuite alimentent la crise migratoire que l'Europe connait. On sait très bien que le but de Poutine est de faire éclater l'UE. Et grâce à cette "arme" (les vagues de migrants), il est en train d'y parvenir. On sait d'ailleurs qu'il mise sur le FN en France ou sur Orban en Hongrie pour compléter le tableau.
    Tout cela est assez logique :
    - je déverse des vagues migratoires dans une Europe déjà très sensible sur la question (et encore plus depuis les attentats)
    - je finance les partis populistes aux idées courtes (et qui seront mes marionnettes, comme le fut Ianoukovitch en Ukraine), lesquels auront du succès grâce à ladite crise migratoire
    - ces partis, financés par moi, me seront redevables, et pèseront pour que leur pays devienne « copain » avec le mien. On sait ce que veut dire « copain » pour Poutine – cf traité d'amitié signé entre l'Ukraine et la Russie. Noter qu'on a déjà vu des frontistes "observateurs" en Crimée et en le Donbass pour légitimer les « élections » organisées par les terrorusses. Tout cela sèmera la division au sein de l'UE. J'ai déjà semé quelques graines, comme lors de la crise avec la Grèce – pendant laquelle j'ai reçu les dirigeants grecs pour mettre un peu de pagaille dans les « négociations » entre l'UE et la Grèce.
    - la cerise sur le gâteau serait que l'UE finisse par éclater
    - alors je deviendrai le maître de l'Europe continentale

    Il est vrai que les attentats islamistes de Paris servent au mieux Poutine. Or, quand on sait que le FSB a déjà utilisé la "méthode des attentats" à Moscou en 1999 en les attribuant faussement à des tchétchènes (sous-entendu "islamistes") -attentats en réalité organisés par les services de Poutine pour que la Russie s'unisse autour de lui et qu'il devienne le maître du Kremlin- , alors, l'hypothèse de ces politologues russes n'est pas si invraisemblable. Après, évidemment, il faut des preuves. Chose ardue et dangereuse :
    - Litvinenko, qui justement a montré que les attentats de Moscou avaient été organisés par Poutine, a été assassiné à Londres. Noter que la justice anglaise a montré que Poutine était très probablement impliqué : http://www.rfi.fr/europe/20160121-poutine-accusation-mort-espion-kgb-alexandre-litvinenko-fsb-conclusions-enquete-lond
    - Anna Politovskaïa, qui a montré les exactions de la Russie en Tchétchénie , a été assassinée.
    - Boris Nemtsov, qui a montré l'implication de la Russie en Ukraine, a été assassiné.


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