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mercredi 6 avril 2016

Panama Papers, épisode 3 : DSK toujours dans les bons coups ; Quid des Etats-Unis ?

Un nouveau gros poisson dans le filet où l'on compte, entre autres, le premier ministre islandais (qui, lui, a eu la décence de démissionner), des proches de Poutine, des proches des LePen, Porochenko  :   DSK ! On l'avait presque oublié celui-là, depuis qu'il est parti en Russie travailler pour les banques poutiniennes...

 DSK

DSK apparaît dans les Panama Papers. Toujours dans les bons coups, le DSK. Souvenons-nous qu' adoubé par Poutine, il a aujourd'hui une bonne place dans les banques poutiniennes, en Russie.
ça me rappelle ce billet de l'ami Boréas, que je republie ici, pour l'occasion...


30/07/2014  Pour La Voix de la Russie, DSK est l'homme de la situation

« (...) [Selon] Vladislav Belov, expert de l'Institut de l'Europe de l'Académie des Sciences de Russie :
"Je n'exclurais pas la théorie du complot. Strauss-Kahn est tombé dans un piège tendu à dessein et cela pouvait être lié concrètement au désir de ne pas avoir sur la scène politique le puissant adversaire de Nicolas Sarkozy qu’il était à cette époque. Autant que je me rappelle, sa popularité dépassait même par moments celle du président français en exercice et il avait d’assez bonnes chances de gagner la course présidentielle. A la place de Hollande, nous aurions eu le politique énergique, capable et talentueux dont la France avait besoin pour réaliser des réformes à grande échelle, en premier lieu économiques – l’octroi de compétences aux PME. Ou plutôt de la possibilité de réaliser le potentiel existant, ce qui, malheureusement, n’est pas le cas en France en ce moment". (...)
Dominique Strauss-Kahn avec ses principes inébranlables a été vaincu par ses adversaires plus forts. Il a échoué à occuper le poste de président de la République Française, et les Etats-Unis ne lui ont pas pardonné l’accusation d’avoir déclenché la crise mondiale. Est-il juste d'éliminer par ce procédé un acteur aussi influent de la scène internationale – la question est rhétorique… »
Pour mémoire, en juillet 2013, Dominique Strauss-Kahn « a été nommé membre du conseil de surveillance de deux institutions financières détenues à majorité par les pouvoirs publics russes : le Fonds russe des investissements directs (RDIF) et la Banque russe de développement des régions (BRDR), contrôlée par le pétrolier Rosneft ».




USA

Mais ce que l'on attend maintenant, ce sont des poissons américains.
Discrétion des grands médias, rareté des noms de personnalités et entreprises américaines... Comment s'explique la quasi-absence des Etats-Unis dans les révélations des Panama Papers ?


 Surréaliste. Ce mardi 29 mars, Blake Schmidt, journaliste de Bloomberg, interviewe pendant quatre heures Jurgen Mossack et Ramon Fonseca, les deux avocats aujourd’hui au cœur du scandale. "Bloomberg News", annonce l'article publié aujourd'hui, "n'était pas au courant de la fuite [des Panama Papers, NDLR] quand l'interview a eu lieu..."
Surréaliste. Dimanche 3 avril, le "New York Times" réagit mollement et tardivement aux révélations, finissant pas publier en soirée un article qu'il ne met pas en évidence sur sa "home page". L'étonnement finit par devenir assourdissant, au point que le "public editor" du "Times" a relayé mardi la "question parfaitement raisonnable" des lecteurs au directeur adjoint de la rédaction : pourquoi ? Sa réponse :
"Nous ne savions pas que ces documents étaient disponibles et en cours d'analyse".
Un an de travail, 400 journalistes de 75 pays impliqués, et le premier quotidien de la planète n'est pas au courant…
Surréaliste. Au lendemain des révélations, tout ce que le porte-parole de la Maison Blanche trouve à dire est que son pays un "défenseur de premier plan" (répété six fois !) de la "transparence dans le système financier international". Cela, alors que "les Etats-Unis sont le nouveau paradis fiscal préféré du monde", comme l'indique le titre d'un récent article de Bloomberg, et qu'"il est plus facile de créer une compagnie coquille aux Etats-Unis que dans le reste du monde", comme le confirme une étude de trois universitaires ayant testé la création de telles sociétés dans 182 pays…

Les "grands journaux" se sont abstenus

L'étrange absence américaine dans ce scandale planétaire a deux dimensions. La première est médiatique : le "New York Times", le "Washington Post", le "Wall Street Journal" et Bloomberg n'ont pas été associés au travail de l'lCIJ, le consortium de journalistes ayant coordonné l'enquête sur les 11,5 millions de documents. Les seuls médias américains ayant participé, dont certains sont d'ailleurs excellents, n'ont pas la même notoriété que ces quatre géants : il s'agit de quotidiens de la chaîne de journaux McClatchy, du network latino Univision et de son site en ligne Fusion, qui a produit un travail remarquable sur ce dossier.
Une première hypothèse serait que les "grands journaux" auraient décidé de s'abstenir, vu le peu de noms américains célèbres impliqués. D'abord, cela n'est pas encore certain, bien d'autres révélations étant attendues dans les jours et semaines à venir ; ensuite, on a du mal à imaginer les grands organes de presse américains, qui ont beaucoup enquêté sur l'évasion fiscale ces dernières années, décliner de participer à une enquête mondiale de cette ampleur.
Rappelons que c'est le site Vice, basé à Brooklyn, qui en décembre 2014 avait sorti la première enquête de fond sur Mossack Fonseca, "la firme qui travaille avec les oligarques, les blanchisseurs d'argent et les dictateurs". Et à Washington, le sénateur démocrate Carl Levin a multiplié les rapports accusateurs, très fouillés, sur l'évasion fiscale. Selon l'un de ces rapports, la manque à gagner qu'elle génère s'élève chaque année, pour les Etats-Unis, à 150 milliards de dollars.
Hypothèse plus probable : l'ICIJ a écarté à dessein les grandes stars de la presse américaine, qui ne font d'ailleurs pas partie du consortium. Marina Walker, la directrice adjointe du consortium, a expliqué à "Fortune" que l'ouverture d'un média à la collaboration était un critère essentiel pour être choisi, chaque partenaire étant tenu de partager toute découverte significative avec tous les autres participants. Certains journaux sont moins enclins que d'autres à partager, selon elle.
Une autre explication serait que la "maison-mère" du consortium, le Center for Public Integrity, ne voulait pas que le "New York Times" ou le "Post" tirent toute la couverture à eux et fassent passer le travail de l'ICIJ au deuxième plan.
Pari risqué. Les médias américains ont tendance à suivre le ton donné par le "Times", comme on l'avait vu avec la guerre en Irak : les articles de McClatchy, très critiques et bien différents de ceux du "Times", étaient passés largement inaperçus. Mais les temps ont changé : grâce à l'implication de grands journaux d'autres pays, notamment d'Europe, les "Panama Papers" ont eu tout le retentissement qu'ils méritaient et la discrétion initiale du "Times" se retourne aujourd'hui contre le quotidien.

L'hypocrisie de Washington

L'autre inconvénient, plus sérieux, de ne pas avoir invité les "premiers violons" de la presse américaine est que cela a offert une couverture parfaite à tous les adeptes (russes, principalement) des théories de la conspiration : il s'agit d'un coup monté des Américains !
Reste l'autre grande question : pourquoi si peu de noms américains apparaissent-ils dans ces documents ? L'explication est malheureusement simple : les Etats-Unis ont ce qu'il faut, chez eux, en matière de sociétés-coquille contrôlant d'autres sociétés, tout cela dans l'anonymat le plus total. Une journaliste de "Fusion" a même réussi à créer une société dans le Delaware, "She Sells Sea Shells" ("Elle vend des coquillages"), au nom de son chat Suki ! Quant à Mossack Fonseca, elle possède une filiale dans le Nevada, l'un des Etats les plus laxistes en la matière (avec le Wyoming et le Delaware), qui ne demande pas à connaître l'identité de la personne établissant la société. La filiale en question peut établir des compagnies américaines "offshore"… sur le sol même des Etats-Unis.
En ce qui concerne les individus, deux facteurs jouent en défaveur de l'ouverture d'un compte panaméen. D'abord, les autorités américaines ont considérablement durci la réglementation sur les comptes bancaires d'Américains à l'étranger, exigeant, sous peine de sanctions sévères, que ceux-ci soient signalés au fisc américain au-delà de 10.000 dollars.
Ensuite, l'imposition des gros revenus et des revenus financiers est bien moins sévère que dans d'autres pays étrangers, justifiant donc moins le recours à l'évasion fiscale pour les particuliers. Un exemple: en matière d'héritage, un couple ne paie pas un cent de droits de succession jusqu'à un seuil de 10,9 millions de dollars.
Reste, tout de même, une incroyable hypocrisie dans les propos du porte-parole de la Maison Blanche. Son pays n'a pas été fichu de passer une loi exigeant des banques américaines qu'elles collectent et communiquent des informations aux autres pays, en échange de réciprocité, et il a refusé d'adopter les règles établies en 2014 par l'OCDE. Et que dire du Panama, pays on ne peut plus sensible à l'influence américaine… Il continue d'être "le dernier, l'ultime paradis fiscal", pour reprendre le mot de l'OCDE. Sans que cela empêche Washington de dormir

Le Nouvel Obs



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