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mercredi 26 mars 2014

L'UE est bien une UE de marché... Confirmation avec la diplomatie mi-figue mi-raisin des Occidentaux

Une chose est sûre : les Allemands ne veulent pas polémiquer contre la Russie. Mais, après l’annexion de la Crimée, les Occidentaux dans leur ensemble optent pour l’isolement du président russe – dans l’espoir de freiner ses ambitions sur l’est et le sud de l’Ukraine.

Franchement, on ne peut pas dire que la Russie et l'Occident n'ont plus d'intérêts communs. Même en pleine crise de Crimée, quelque chose continue de les lier. Les politiques de l'Ouest espèrent secrètement que l'annexion de la presqu'île, d'ores et déjà considérée comme irréversible, va se dérouler de la façon la plus contrôlée et la moins sanglante possible.

Des combats, avec des morts et des blessés, pourraient entraîner une escalade que personne ne souhaite. Elle compromettrait la politique qui consiste à limiter les dégâts : on émet certes des protestations, mais "avec mesure", comme cela a été évoqué lors du premier débat au Bundestag après le coup de force de Poutine [en Ukraine] et le triomphe qui s'est ensuivi [à Moscou].

Face aux développements en Crimée et au spectacle qui a lieu au Kremlin, la chancelière réagit avec la placidité apparente avec laquelle elle gère toutes les crises. Elle sait que les Allemands ne veulent pas d'un conflit avec la Russie, et certainement pas pour une péninsule qui ne fait pas partie de leurs lieux de villégiature. Mais Merkel connaît suffisamment bien Poutine, le rêve grand-russe et les angoisses de ceux qu'il affecte, pour savoir qu'il est tout simplement hors de question de laisser Moscou redessiner brutalement les frontières en Europe.

La froideur de l'isolement international

Dans le même temps, la politique occidentale n'a pas les représailles pour objectif, mais la prévention. En cela, la chancelière rassemble pratiquement tous les partis du Bundestag. Jusqu'à présent, les réactions suscitées par l'annexion de la Crimée sont plutôt symboliques et ne font pas grand mal à Moscou. Seules les sanctions économiques deviendraient douloureuses pour la Russie si les Alliés, dans leur volonté de dissuader Poutine de poursuivre son jeu dans l'est et le sud de l'Ukraine, les décrétaient.

Pour l'heure, la diplomatie de crise de l'Occident se situe à mi-chemin entre ces deux niveaux. L'annulation par les chefs d'Etat européens [sur une proposition de François Hollande] du sommet UE-Russie [qui devait se tenir en juin à Sotchi], tout comme l'annonce par Angela Merkel que, dans ces circonstances, le G8 n'existe plus, revient à tenter de faire entrevoir à Poutine la froideur de l'isolement international dont la Russie a déjà eu un avant-goût au Conseil de sécurité des Nations unies. Cela suffira-t-il à impressionner un homme implacable qui chevauche torse nu dans les paysages sibériens ?

Cette cryothérapie joue sur le désir de reconnaissance internationale de Poutine, une fois encore perceptible dans son discours sur le rattachement de la Crimée. C'est dans l'est de l'Ukraine que l'on va voir quelle image compte le plus pour lui : celle qu'il a dans le cercle des chefs de gouvernement du G7, ou celle qu'il affiche devant des Russes en liesse parce qu'il a réussi à accroître le territoire de la Russie.


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