Rechercher dans ce blog

mardi 22 avril 2014

Encore un coup de la CIA

Décidément la CIA est partout. Heureusement, en France, nous avons une fine équipe pour soutenir la folie des grandeurs de notre botoxé russe : un alcoolo (Depardieu), le frontiste Chauprade, très basané mais néanmoins très clair sur la crise en Ukraine (et aussi très menteur, répétant ce que lui dicte son maître), le couple de guignols Mélanchon-Le Pen (main dans la main pour soutenir l'un des régimes les plus corrompus d'Europe), et quelques éternels théoriciens (inspecteurs des travaux finis à leurs heures perdues) de la Nouvelle Droite.
Bon, au niveau international, le nain du Kremlin a aussi avec lui le Vénézuela et la Syrie.
Une bande de joyeux drilles.
Aujourd'hui mardi 22 mars, j'ai relevé plusieurs articles intéressants, sans doute rédigés par l'Empire américano-ce-que-vous-voulez :

1/ En Russie, le principal opposant à Poutine est un nationaliste Russe (sa condamnation + son portrait)
2/ Le fondateur du facebook russe quitte la Russie (mais DSK y reste ; faut dire qu'il y a trouvé un fauteuil confortable),
3/ la Biélorussie s'inquiète des agissements de la Russie et appelle les biélorusses à défendre l'indépendance de leur pays,
4/ Le représentant des Tatars chassé de Crimée,
5/ L'Occident ne doit pas avoir peur de Moscou,
6/ Pour Ioulia Timochenko, Poutine est devenu fou... (peut-être a-t-il abusé des injections de botox dans sa face?)
7/ Génération Maïdan


1A/ L'opposant russe Alexeï Navalny condamné pour « diffamation »

La justice russe a reconnu mardi 22 avril l'opposant Alexeï Navalny coupable de « diffamation » à l'encontre d'un député, et l'a condamné à une amende de 300 000 roubles (6 000 euros).

Le blogueur était soupçonné de s'être servi de Twitter pour « accuser sans fondement » un élu de « toxicomanie » et de se servir du réseau social pour continuer à communiquer avec ses partisans.
Le tribunal n'a pas décidé de transformer à cette occasion en prison ferme la peine de cinq ans avec sursis qui pèse sur lui dans une autre affaire, ce que craignaient ses partisans, a indiqué l'agence d'information russe Interfax.
M. Navalny est visé par une enquête pour escroquerie au détriment de la marque française de cosmétiques Yves Rocher, dans laquelle il risque jusqu'à dix ans de camp, et qui lui a valu une assignation à résidence.
« JE NE ME TAIRAI PAS »
Peu avant cette dernière décision de justice, M. Navalny était sorti du silence imposé dans le cadre de son assignation à résidence pour clamer son innocence dans cette autre affaire. « Je me fous de toutes ces interdictions et de ces obligations à me taire. (...) Je ne me tairai pas, et si je ne prouve rien au tribunal, je ferai tout pour vous prouver à vous [son innocence] », a-t-il déclaré à ses partisans dans un message publié sur sa page Facebook.
Ce message était accompagné de plusieurs documents issus de la procédure pénale, censés prouver son innocence. Selon ces documents, Yves Rocher aurait conclu, après expertise, que les agissements des accusés n'avaient pas causé de préjudice à la firme française.
Alexeï Navalny, avocat de formation, opposant farouche à Vladimir Poutine, aux accents nationalistes, s'est fait connaître en dénonçant sur Internet des affaires de corruption impliquant de hauts responsables russes. Son blog a été bloqué en mars par l'autorité de contrôle des médias russe.

1B/ Qui est Alexeï Navalny ?

Alexeï Anatolievitch Navalny (en russe : Алексей Анатольевич Навальный), né le 4 juin 1976 dans l’oblast de Moscou, est un avocat, homme politique et activiste politique russe. En juillet 2013, Navalny est reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à cinq ans de camp avec sursis par la justice russe. Ce jugement est dénoncé comme un procès politique par les États-Unis et l'Union européenne.
Alexeï Navalny a étudié à l’université Yale, où il fut un « Yale World Fellow ». Il est connu pour être l’auteur du blog Navalny et du site Rospil, où il dénonce des faits de corruption en Russie. En octobre 2010, il accuse l’entreprise d’énergie Transneft de détournement de fonds à hauteur de 2,9 milliards d’euros lors de la construction d’un oléoduc en Sibérie. Il est surnommé par le magazine Time « l’Erin Brockovich russe » et est désigné personnalité de l’année 2009 par le quotidien économique russe Vedomosti.
Il s’oppose au pouvoir en place en Russie et à Vladimir Poutine en particulier, qualifiant en février 2011 son parti, Russie unie, de « parti des voleurs et des escrocs ». Lors de la contestation des élections législatives russes de 2011, à laquelle il participe activement, il est emprisonné le 5 décembre. À sa sortie de prison le 20 décembre, il appelle les Russes à s’unir contre Poutine, afin que celui-ci ne gagne pas l’élection présidentielle de 2012, à laquelle il se dit prêt à participer. En 2011, la BBC décrit Navalny comme étant « probablement le seul réel opposant politique à avoir émergé en Russie ces cinq dernières années ». Fin décembre 2011, il participe à l’organisation d’une manifestation qui rassemble 120 000 personnes selon l’opposition.
Sa participation à l'organisation "Narod" (dont il est cofondateur) a déclenché une controverse, celle-ci alliant des positions d'extrême-gauche et d'extrême-droite. En 2008, l'organisation s'est rapprochée de groupes connus pour leurs positions racistes comme "le mouvement contre l'immigration illégale", interdit en 2011 par la justice pour extrémisme. Navalny a en outre participé en 2011 à un défilé ultranationaliste dont l'un des slogans était «arrêtons de nourrir le Caucase! ». Il avait déjà participé à une marche nationaliste semblable en 2007, ce qui lui avait valu d'être expulsé du Parti d'opposition Iabloko, dont il était alors membre.
En mai 2012, il participe à une manifestation qui dégénère en heurts avec la police. Il est arrêté avec le dirigeant du Front de gauche Sergueï Oudaltsov et condamné à quinze jours de prison pour désobéissance aux forces de l'ordre.
Son élection au conseil d'administration d'Aeroflot en juin 2012 a provoqué un vif débat en Russie. Navalny a été accusé d'avoir été nommé à un poste confortable soit par le pouvoir afin de le faire taire (l'État détient 51 % des actions de la compagnie aérienne), soit par son proche allié et opposant notoire à Vladimir Poutine, Alexandre Lebedev (qui détient 15 % des actions).
Le 31 juillet 2012, Navalny est inculpé par la Commission fédérale d'enquête de vol à grande échelle à cause des lourdes pertes financières d'une société publique d'exploitation forestière et encourt jusqu'à dix ans de prison. Il est accusé du détournement de seize millions de roubles (377 000 euros) au détriment de cette exploitation forestière, à l'époque où il était conseiller du gouverneur de l'oblast de Kirov, Nikita Bielykh. Le 18 juillet 2013, il est reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à cinq ans de camp. Les principaux médias occidentaux, les États-Unis et l'Union européenne soutiennent qu'il est victime d'un procès politique.
Libéré provisoirement par la justice dès le lendemain de sa condamnation, Navalny a entamé une campagne électorale pour l'élection à la mairie de Moscou, son programme s'articulant surtout autour de la lutte contre la corruption et l'immigration. Il a notamment déclaré : « J'ai regardé les statistiques. Savez-vous que près de 50 % des crimes et délits sont commis par des étrangers ? ».
En août, Vladimir Jirinovski, président du Parti libéral-démocrate, a demandé au ministère de l'intérieur l'ouverture d'une enquête sur le financement de la campagne électorale de Navalny. Celui-ci aurait récolté de l'argent de la part de donateurs anonymes étrangers via un système de paiement sur internet, pratique interdite par la loi russe. Navalny a nié ces accusations, affirmant que les magistrats du parquet étaient des « benêts »
Le 8 septembre, il est battu par le maire de Moscou sortant, Sergueï Sobianine (nommé par Vladimir Poutine par décret en 2010) par 52 % des voix contre 30 % mais conteste les résultats. Le taux de participation est de 30 %. Navalny affirme avoir récolté 35,6 % des voix, contre 46 % à son adversaire et réclame un second tour. Les ONG indépendantes qui ont surveillé le scrutin n'ont pour leur part pas observé de « graves violations ». Selon le journaliste Pierre Avril, ce scrutin a permis à Navalny de s'affirmer comme l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Dès lors, poursuivre les procédures judiciaires intentées contre lui reviendrait à en faire un martyr pour l'opposition. Une manifestation de 9 000 personnes a lieu en soutien le lendemain. L'opposition à Poutine sort toutefois requinquée de ces élections municipales, notamment par la victoire d'Evgueni Roizman à Iekaterinbourg, quatrième ville du pays et d'une candidate du parti Iabloko à Petrozavodsk.
En février 2014, il est placé en résidence surveillée pour une durée de 2 mois par un tribunal de Moscou pour avoir quitté la capitale ce qui est en infraction avec un jugement rendu précédemment.





2/ Le fondateur du « Facebook russe » quitte son pays, dénonçant les pressions de Moscou

Le fondateur du premier réseau social russe, VKontakte (VK, « en contact » en français), Pavel Dourov, a annoncé mardi 22 avril qu'il avait quitté son pays, évoquant des tensions avec les autorités. « Je ne suis pas en Russie, et je n'ai aucune intention d'y revenir », a-t-il écrit au site américain TechCrunch, spécialisé dans les informations sur le secteur technologique.

« J'ai peur qu'il n'y ait pas de retour en arrière. Pas après que j'ai refusé publiquement de coopérer avec les autorités. Ils ne peuvent pas me supporter. »
REFUS DE LIVRER DES DONNÉES PERSONNELLES
Le Service fédéral de sécurité russe (FSB) avait demandé au site VKontakte de lui remettre les données personnelles des organisateurs du groupe Euromaïdan, créé sur les réseaux sociaux afin d'organiser la contestation qui a mené à la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch en Ukraine, selon M. Dourov.
« Notre réponse a été et reste un refus catégorique, écrivait-il mercredi sur sa page VK. La juridiction russe ne s'applique pas aux utilisateurs ukrainiens de VKontakte. Transmettre des données personnelles sur des Ukrainiens aux autorités russes aurait été non seulement contraire à la loi, mais aussi une trahison de tous ces millions d'habitants de l'Ukraine qui nous ont fait confiance. »
M. Dourov avait déjà refusé en 2012 d'obéir à une injonction du FSB qui lui avait demandé fin 2011, alors qu'un mouvement de contestation contre Vladimir Poutine rassemblait des dizaines de milliers de personnes, de bloquer des groupes d'opposition sur VK.
POISSON D'AVRIL
Le réseau social, qui surpasse dans l'ex-URSS son concurrent américain Facebook avec plus de 100 millions d'utilisateurs, a entériné lundi la mystérieuse démission de son turbulent fondateur, qui l'avait pourtant qualifiée de « poisson d'avril ». Connu pour ses provocations, M. Dourov avait annoncé le 1er avril qu'il quittait VKontakte, arguant que sa liberté d'action s'était « nettement réduite ». Deux jours plus tard, il s'était rétracté et avait indiqué que cette annonce était en réalité un canular.
« Malgré les commentaires et les discussions qui ont suivi, [cette démission] n'a pas été annulée », a déclaré lundi au quotidien russe Vedomosti Dmitri Sergueïev, directeur exécutif de VKontakte (VK). Elle sonne le glas du réseau social, a dénoncé mardi le jeune Russe, âgé de 29 ans, qui souligne que « malheureusement, [la situation en Russie] est incompatible en ce moment avec le business sur Internet ».
CONFLITS INTERNES
Depuis plusieurs mois, M. Dourov s'oppose au fonds d'investissement United Capital Partners (UCP), à la tête de 48 % de VK, qui l'accuse d'avoir utilisé les ressources de VK pour créer l'an dernier l'application de messagerie instantanée Telegram, indépendante du réseau social, qui a remporté un vif succès.
Le géant russe de l'Internet Mail.ru, d'Alicher Ousmanov, proche du pouvoir et qui détient les 52 % restants du capital, a annoncé mardi qu'il « ne considérait pas la démission de Pavel Dourov de son poste de directeur général comme un fait accompli ».



3/ Le président biélorusse appelle la population «à défendre l'indépendance du pays»

CRISE - Le président biélorusse Alexandre Loukachenko s’est inquiété mardi de l’aggravation de la crise ukrainienne…

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko s’est inquiété mardi de l’aggravation de la crise ukrainienne, exhortant la population à défendre «par tous les moyens» l’indépendance du pays.

«Les bouleversements géopolitiques nous toucheront»

«Nous ne vivons pas sur une île isolée dans l’océan. Tous les bouleversements géopolitiques, en particulier en Europe de l’Est, nous toucheront sans aucun doute», a-t-il déclaré lors d’une allocution devant le Parlement. «Nous devons par tous les moyens défendre l’indépendance du pays, le droit sacré à vivre sur notre propre terre et à suivre notre propre destin», a-t-il ajouté, dans une remarque qui semblait évoquer une menace russe.
Depuis le début de la crise, Minsk s’est montré très réservé face aux événements en Ukraine et à l’attitude de Moscou, ne reconnaissant que le rattachement «de facto» de la Crimée à la Russie. «Personne ne va renverser notre pays, si nous ne l’acceptons pas. Et à la base de cela, repose l’économie. Tant que nos entreprises fonctionnent plus ou moins, nous ne devons craindre aucun char», a-t-il ajouté.
La Biélorussie, État frontalier de l’Union européenne et de la Russie, est un pays au régime autoritaire, dont l’économie est étroitement dépendante des approvisionnements de gaz et de pétrole russes. Il fait partie de l’Union douanière promue par la Russie et qui comprend aussi le Kazakhstan.

 (notons qu'il a changé d'avis... Sans doute le déploiement de l' armée russes le long des frontières des pays de l'est lui a-t-il fait voir la réalité en face)



4/ Le leader des Tatars banni de Crimée

Le leader historique des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev, a été interdit d'accès pour cinq ans sur ce territoire ukrainien rattaché en mars à la Russie, a annoncé mardi 22 avril la Medjlis, l'assemblée des Tatars de Crimée.

En quittant la Crimée pour Kiev, M. Djemilev s'est vu remettre par les gardes-frontières un document lui interdisant d'entrer dans la Fédération de Russie jusqu'au 19 avril 2019, a précisé à l'AFP Lilia Mouslimova. « Cette décision montre à quel Etat “civilisé” on a affaire », a réagi M. Djemilev sur le site d'information en ligne ZN.ua.
Les Tatars, minorité musulmane de la Crimée, se sont montrés hostiles au rattachement de la péninsule à la Russie en mars à la suite d'un référendum dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.
(Bah, ils viendront en France. Marine Le Pen va les accueillir ici et se charger de les assimiler, puisqu'elle a soutenu une Crimée Russe)




5/ L’Occident ne doit pas avoir peur de Moscou

Vladimir Poutine, le 18 mars, lors de la cérémonie de rattachement de la Crimée à la Russie, prononça un discours programmatique. La Russie, à la suite de la dissolution « juridiquement illégale » de l’URSS, serait devenue « le plus grand pays divisé au monde » et chercherait à restaurer l’unité du « monde russe ». Si d’aucuns avaient encore l’espoir que le Kremlin s’arrêterait avec la conquête de la Péninsule, les doutes n’étaient plus permis quant à la suite des événements. C’est alors sans surprise que « les forces prorusses » s’emparent des bâtiments publics dans les régions orientales de l’Ukraine.

Tactiquement, M. Poutine fait preuve d’une extraordinaire inventivité, revigorée par une approche cynique et décomplexée du droit international. Les traités n’existent que pour les autres, les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ne s’appliquent que pour défendre nos intérêts. « Les petits hommes verts » sans insignes militaires sont devenus plus redoutables que l’arsenal nucléaire, et Moscou mêle l’usage des mercenaires, des forces spéciales déguisées en milices, des hackers, la propagande et le chantage économique.
UN JEU ASYMÉTRIQUE GAGNÉ D’AVANCE
Moscou attire l’Ukraine dans un jeu asymétrique à plusieurs niveaux qui est gagné d’avance. Non seulement les actions russes à l’Est font oublier l’annexion de la Crimée, mais elles ne laissent que deux mauvaises options à Kiev : ne rien faire et exprimer son indignation sur la scène internationale, ou riposter comme le ferait n’importe quel Etat.
La première option pourrait attirer une plus grande sympathie à la cause ukrainienne, mais celle-ci ne servirait à rien contre la multiplication des foyers de déstabilisation à l’Est et au Sud, l’avancement des forces russes et le mécontentement des Ukrainiens qui ne toléreront pas un gouvernement inepte. Ils en ont connu plusieurs depuis l’indépendance. Cette option démontrerait aussi ce que Moscou cherche à révéler depuis la fuite de l’ex-président Ianoukovitch : le nouveau pouvoir à Kiev n’est pas capable d’assurer la stabilité et de garantir l’ordre. Le capital de sympathie s’épuisant face à l’inaptitude chronique du destinataire du sentiment, l’Occident pourrait céder aux sirènes défaitistes à la mode munichoise.
La reprise du contrôle des bâtiments officiels, y compris par le recours à la force, pourrait être qualifiée d’escalade militaire. Moscou prétexterait la défense des « compatriotes » ou du « monde russe », deux catégories qui autorisent un champ d’action quasi infini, et augmenterait la probabilité d’une intervention militaire. Cette option n’est peut-être pas la meilleure car M. Poutine finirait isolé sur la scène internationale et frappé par des sanctions sévères.
Mais à Moscou, nombreux sont ceux qui pensent que les amis occidentaux de l’Ukraine préfèrent toute autre option à celle de la guerre. Les Russes savent que, si l’Ukraine montre autant de retenue, c’est grâce à la pression de l’Ouest, et ceci malgré ce que clame leur propagande à l’attention du public russe et des idiots utiles à l’étranger.
Malgré nos menaces de sanctions, Moscou mise sur nos peurs et notre réflexe primordial de chercher un consensus. La Russie pense que, par crainte d’affrontement militaire de grande envergure, Bruxelles et Washington finiront par accepter la fédéralisation de l’Ukraine. Cela mènera au blocage des institutions, à l’alignement du pays sur le modèle bosniaque, ou, mieux, à sa transformation en un Etat failli qu’aucune alliance politique, économique ou militaire ne voudra accepter.
LA THÉORIE DES TORTS PARTAGÉS
Si toutefois l’Ukraine outrepassait les conseils et allait à l’épreuve de force, Moscou espère que les conséquences d’un tel affrontement pour lui ne seraient pas très différentes de celles de la guerre de 2008 en Géorgie. Fort de son expérience, le Kremlin a le droit d’escompter que, dans un pareil scénario, les voix s’élèveraient à l’Ouest pour blâmer les deux parties et ce serait déjà une victoire.
La théorie des torts partagés fournirait à tous ceux qui hésitent et ressentent l’inconfort dans le bras de fer avec la Russie, ainsi qu’à ceux qui veulent masquer leur incapacité, un alibi rassurant. En 2008, comme aujourd’hui, la Russie jouait un jeu gagné d’avance : ses troupes étaient déjà en Ossétie, ses habitants disposaient de passeports russes et les milices locales, équivalent des « groupes d’autodéfense » de Crimée ou de Donetsk, armées et financées par Moscou, avaient déjà déclenché des combats.
Il fallait du courage à la Géorgie pour se lancer dans une guerre perdue d’avance, mais dont l’objectif était de faire admettre à l’opinion mondiale qu’il s’agissait d’un conflit entre la Géorgie et la Russie et non d’une guerre civile contre une minorité rebelle. Les Géorgiens se sont battus non pour garder l’Ossétie, mais pour sauver Tbilissi, au risque de fournir l’alibi à tous ceux à l’Ouest qui voulaient se limiter aux simples critiques, même sévères, vis-à-vis de Moscou.
Le défi d’aujourd’hui est de ne pas mettre l’Ukraine devant un dilemme semblable et que son gouvernement ne soit pas obligé de se lancer dans la guerre à Donetsk pour sauver Kiev. L’abandon sans un coup de feu de la Crimée, après celui de l’arsenal nucléaire en 1994, n’a pas protégé le pays. L’Union européenne et les Etats-Unis ne devraient pas accepter les termes ou les concepts de référence que la Russie propose pour définir le conflit ukrainien.
Le régime russe pense qu’un certain niveau d’affrontement avec l’Occident est désormais nécessaire à sa propre survie, étant donné que son modèle politique – l’oligarchie kleptocrate centralisée – s’est épuisé. Nous devons avoir le courage de montrer au Kremlin que cette fuite en avant ne nous fait pas peur et que nous sommes prêts à payer un certain prix économique pour le leur faire comprendre.
  • Thorniké Gordadze
  • Thorniké Gordadze (Conseiller pédagogique « études et recherches » à l'Institut des hautes études de défense nationale)
















6/ Ioulia Timochenko : « Ce que fait Poutine, c'est de la folie »

Ioulia Timochenko est éprouvée, mais l'heure n'est pas aux états d'âme. Depuis sa sortie de prison le 22 février, l'ancienne première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko tente de se remettre au cœur du jeu politique. Candidate à l'élection présidentielle du 25 mai, elle s'est rendue à Donetsk, le 18 avril, pour conduire des négociations avec les séparatistes qui menacent l'intégrité de l'Ukraine.

Quelles sont les conclusions de vos négociations ? L'accord de Genève semble déjà mort-né…
Ioulia Timochenko : Le problème est que la Russie ne reconnaît pas son incursion militaire en Ukraine. Comment pourrait-elle appliquer cet accord, qui prévoit le retrait de leurs forces armées et la libération des bâtiments occupés ? Le Kremlin va prétendre que les organisateurs de ces actes sont des Ukrainiens qui voudraient se détacher du pays et rejoindre la Russie.
C'est pourquoi il est essentiel de comprendre les exigences de ces Ukrainiens qu'utilise Moscou. Ils ont peur de la guerre, ils veulent qu'on les laisse tranquilles. D'ailleurs, la popularité de Poutine a chuté dans ces régions. Si on parvient à un compromis, on diminuera la tension par rapport au pouvoir ukrainien chez ces habitants, et on privera Poutine d'un prétexte pour raviver l'agression.
Plus concrètement, sur quoi peut porter ce compromis ?
Quatre points se détachent. Il faut renforcer le statut de la langue russe ; donner la possibilité aux conseils locaux de désigner leur pouvoir exécutif et le gouverneur. Ensuite, une autonomie budgétaire maximale des régions. Je l'avais proposée en 2009 à la Rada, mais le président Iouchtchenko avait posé son veto. Enfin, introduire une amnistie pour ceux qui ont saisi les bâtiments, à part ceux qui ont du sang sur les mains.
Décryptez-nous l'idéologie nationaliste qui anime Moscou…
Ce que fait Poutine, c'est de la folie. Une politique du XVIIIe siècle, alors que les frontières sont devenues transparentes. Et voilà qu'on commence une guerre médiévale pour le territoire. Quand Poutine a parlé de « Novorossia » [« nouvelle Russie », pour désigner l’Ukraine de l’Est et du Sud], cela m'a ramenée trois cents ans en arrière. Ce n'est pas une provocation, mais sa conviction profonde, sa vision. Il veut remplacer des valeurs par des concepts dépassés. Mais on ne peut remonter le temps. Le mécanisme d'autodestruction de ce régime est déclenché. Ne croyez pas que ce soit seulement douloureux pour nous. Poutine perd bien plus qu'il ne gagne. Il perd son autorité comme leader, il devient persona non grata, il se discrédite en allant contre le bon sens et l'évolution.
Vous êtes candidate à la présidentielle du 25 mai, mais dans les sondages, le milliardaire Petro Porochenko vous devance de loin…
Combien de fois ai-je été candidate, et combien de fois les sondages m'ont-ils donné deux ou trois fois moins que mon résultat final ? Je n'y crois pas plus qu'aux infos télévisées.
(entretien au Monde)

(Elle traîne, dit-on, de lourdes casseroles. Et ce qu'elle a fait politiquement après la révolution orange n'a pas laissé de bons souvenirs. Pourtant, il en faut du courage, de la ténacité, de l' intelligence, et du dynamisme pour revenir sur le devant de la scène après ce qu'elle a subi.)

 

Quelles sont les conclusions de vos négociations ? L'accord de Genève semble déjà mort-né…

Le problème est que la Russie ne reconnaît pas son incursion militaire en Ukraine. Comment pourrait-elle appliquer cet accord, qui prévoit le retrait de leurs forces armées et la libération des bâtiments occupés ? Le Kremlin va prétendre que les organisateurs de ces actes sont des Ukrainiens qui voudraient se détacher du pays et rejoindre la Russie.

C'est pourquoi il est essentiel de comprendre les exigences de ces Ukrainiens qu'utilise Moscou. Ils ont peur de la guerre, ils veulent qu'on les laisse tranquilles. D'ailleurs, la popularité de Poutine a chuté dans ces régions. Si on parvient à un compromis, on diminuera la tension par rapport au pouvoir ukrainien chez ces habitants, et on privera Poutine d'un prétexte pour raviver l'agression.

Plus concrètement, sur quoi peut porter ce compromis ?

Quatre points se détachent. Il faut renforcer le statut de la langue russe ; donner la possibilité aux conseils locaux de désigner leur pouvoir exécutif et le gouverneur. Ensuite, une autonomie budgétaire maximale des régions. Je l'avais proposée en 2009 à la Rada, mais le président Iouchtchenko avait posé son veto. Enfin, introduire une amnistie pour ceux qui ont saisi les bâtiments, à part ceux qui ont du sang sur les mains.

Vous ne mentionnez pas le référendum sur le statut…

C'est une question en discussion. Quelle formulation, quelle date ? National ou régional ? Si un consensus se dégageait sur les quatre points, à quoi servirait donc un référendum ? Reste une question. Si on se met d'accord avec les représentants de l'Est et du Sud, et qu'ils quittent ces bâtiments, qui va rester à l'intérieur ? Il faut distinguer les Ukrainiens et les agents russes de l'opération sur notre territoire. Je ne connais pas leur nombre mais ils ne sont pas assez nombreux pour tenir la région. Les ultimatums de la Russie sont inacceptables. Nous trouverons des compromis entre l'est et l'ouest de l'Ukraine. La fédéralisation, elle, est un instrument du Kremlin pour s'emparer du pays. Ça créerait de facto des dizaines de républiques autonomes de Crimée.

Vous avez durement critiqué les mœurs politiques depuis l'indépendance de l'Ukraine, en 1991, après la fin de l'URSS. Quelle responsabilité portez-vous dans ces dérives ?

Je porte une responsabilité égale aux autres. Depuis vingt-trois ans, les responsables politiques n'ont pas écouté le peuple, préférant les monologues, suivant leurs intérêts et leurs plans. Après deux révolutions, cela doit changer. Je suis la seule responsable qui a éprouvé physiquement, en prison, l'injustice, l'illégalité, la sévérité des bureaucrates, pendant deux ans et demi. J'ai compris dans quelle horreur vivaient les Ukrainiens depuis vingt-trois ans, au quotidien. Si les politiciens ne cessent pas de vivre sur une autre planète, la révolution se répétera. Au XXIe siècle, à l'ère de l'information, il faut créer une société d'une autre qualité, permettant de connecter le peuple à son pays, pas seulement tous les cinq ans pour les élections.

Ioulia Timochenko, le 19 avril à Kiev.
Décryptez-nous l'idéologie nationaliste qui anime Moscou…

Ce que fait Poutine, c'est de la folie. Une politique du XVIIIe siècle, alors que les frontières sont devenues transparentes. Et voilà qu'on commence une guerre médiévale pour le territoire. Quand Poutine a parlé de « Novorossia » [« nouvelle Russie », pour désigner l’Ukraine de l’Est et du Sud], cela m'a ramenée trois cents ans en arrière. Ce n'est pas une provocation, mais sa conviction profonde, sa vision. Il veut remplacer des valeurs par des concepts dépassés. Mais on ne peut remonter le temps. Le mécanisme d'autodestruction de ce régime est déclenché. Ne croyez pas que ce soit seulement douloureux pour nous. Poutine perd bien plus qu'il ne gagne. Il perd son autorité comme leader, il devient persona non grata, il se discrédite en allant contre le bon sens et l'évolution.

Les sanctions internationales sont-elles efficaces ?

Tout dépend de leur force. Si elles ne font qu'irriter, elles renforcent cet état d'esprit nationaliste, l'alimentent. Si elles plaçaient réellement le régime à la limite de sa survie, elles permettraient au monde de retrouver son ordre naturel. Cette nouvelle force agressive qui monte en Russie ne peut être vaincue que par une force similaire ou supérieure. Le monde doit la bloquer à temps, sinon on ne pourra plus remettre le dentifrice dans le tube.

Quel a été votre rôle dans l'accord entre Kiev et les oligarques pour tenter de mettre fin à la crise dans l'est du pays ?

Je n'aime pas du tout les oligarques. La politique est devenue la source de grands capitaux opaques, utilisés de façon illégale, par la corruption, conduisant à la création de monstres financiers. Après la deuxième révolution, les oligarques ne sont pas compatibles avec la nouvelle Ukraine, avec les valeurs européennes, la vie qu'on veut construire. Mais lorsque l'agression militaire a commencé, j'ai estimé que tous les Ukrainiens pouvant défendre le pays devaient le faire, y compris les oligarques. Ceux qui ont exploité ses ressources doivent les utiliser pour protéger nos frontières.

Et ça marche. Il y a une guerre non déclarée pour l'annexion de territoires. Tous les oligarques ont un intérêt à éviter la partition du pays. Rinat Akhmetov aussi. Il a des intérêts dans tout le pays. Si une partie du territoire se détachait illégalement, elle se retrouverait isolée, sans communication avec le monde. Akhmetov ou Kolomoïski [gouverneur de Dniepropetrovsk] détiendraient des sociétés en dépôt de bilan.

Le seul oligarque que vous n'avez pas contacté est votre ennemi, Dmitro Firtach, qui soutient la candidature de Petro Porochenko…

J'ai appelé ceux dont la vie et les intérêts étaient liés à l'Ukraine. Firtach n'a jamais lié sa vie à l'Ukraine. Il l'a juste grossièrement pillée. Firtach et son équipe sont animés par la revanche. Ils faisaient partie de l'entourage de [l’ex-président] Ianoukovitch, qui a conduit le pays à la catastrophe, à une révolution sanglante. Les oligarques ont besoin d'une marionnette. Mais depuis la révolution, ils ne peuvent pas nommer quelqu'un à la présidence. Je pense que les élections auront bien lieu le 25 mai et je ferai tout pour cela. Il ne faut même pas envisager une autre hypothèse. Le pays a besoin d'un pouvoir stable.

Dans les sondages, Petro Porochenko vous devance de loin…

Combien de fois ai-je été candidate, et combien de fois les sondages m'ont-ils donné deux ou trois fois moins que mon résultat final ? Je n'y crois pas plus qu'aux infos télévisées


 

7/ Génération Maïdan

Tetyana Tchornovol reçoit sur son lit d’hôpital, frêle et pâle, une intraveineuse plantée dans le bras, à l’unité de soins intensifs de la clinique Boris, de l’autre côté du Dniepr. Elle y fait des séjours réguliers depuis qu’elle a été violemment battue, la nuit du 25 décembre 2013 en rentrant chez elle, par trois hommes qui ont forcé sa voiture à s’arrêter en rase campagne, l’ont passée à tabac et jetée dans le fossé avant de l’abandonner par un froid polaire. Les photos de son visage tuméfié, méconnaissable, ont fait le tour des réseaux sociaux et galvanisé les manifestants de Maïdan, qui occupaient la grande place de l’Indépendance à Kiev depuis que le président Viktor Ianoukovitch avait décidé, le 21 novembre, de renoncer à l’accord d’association avec l’Union européenne.
Les nervis du régime avaient quelques raisons d’en vouloir à cette journaliste de 34 ans, mère de deux enfants, qui s’était spécialisée dans les enquêtes sur la corruption de la nomenklatura ; l’après-midi même de son attaque, elle avait publié un article avec des photos de l’extérieur de la résidence privée du ministre de l’intérieur. Parmi les dossiers découverts dans le palais au luxe très kitsch du président ukrainien en fuite, en février 2014, les contestataires de Maïdan ont trouvé celui de Tetyana Tchornovol, avec un compte rendu précis de ses allées et venues et de ses appels téléphoniques.
Trois mois plus tard, le fin visage de Tetyana Tchornovol ne porte plus de marques de l’agression, mais le traumatisme crânien a laissé des séquelles. « Quand mon cerveau reçoit ...






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire