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dimanche 20 avril 2014

Noir comme notre peine, Rouge comme notre sang [+ Les soutiens de Poutine + La désinformation]



 Tortue! » hurle un chef en tenue paramilitaire. A l’écart sur la place de l’Indépendance (Maïdan), foyer de la contestation à Kiev, quelque vingt-cinq volontaires encagoulés, casque de soldat, de surfeur des neiges ou de motard sur la tête, s’exécutent. Ils forment une « carapace » de boucliers en métal ou en bois positionnés à l’horizontale et à la verticale. En face, des hommes, plutôt jeunes, équipés de genouillères, de lunettes de ski… anti-gaz lacrymogène et de battes de base-ball, leur jettent des morceaux de pavés. La « tortue » humaine prise pour cible tient le choc. Repos! L’exercice d’entraînement est terminé.

Ils sont désormais opérationnels pour aller défier les policiers des unités anti-émeutes sur la barricade dressée à deux cents mètres de là. Ces « combattants » appartiennent au groupuscule d’extrême droite Pravy Sektor (Secteur de droite), sorti de l’ombre à la faveur du soulèvement contre le président Viktor Ianoukovitch. En marge des partis d’opposition dont ils dénoncent l’inaction, ces ultranationalistes désormais en première ligne sont à l’origine, depuis une bonne semaine, de la radicalisation du mouvement.

Au début de la révolte il y a deux mois, ils assuraient la sécurité sur le campement de Maïdan, protégeant aussi la Maison des syndicats devenue le QG de l’opposition. Aujourd’hui, refusant tout compromis, ces jusqu’au-boutistes ne croient plus en la protestation pacifique. Et passent à l’offensive. Ce sont les rares émeutiers à être préparés à la guérilla urbaine, à être organisés sur la barricade, y fabriquant à la chaîne des cocktails Molotov, procédant également au milieu de la nuit à la relève, par grappes de cinquante, des camarades sur le front.

« Notre objectif est de renverser le régime dictatorial pour créer un Etat ukrainien fort, sans corruption, libéré de ses bandits et des occupants russes », résume Bogdan, 30 ans, qui dirige une unité de 50 hommes. « Nous sommes des patriotes, pas des nazis, pas des racistes comme certains nous présentent », s’emporte celui qui précise avoir du « respect pour l’aristocratie française et les valeurs d’avant 1789 ».

Dans les rangs de cette milice comptant des centaines d’activistes, on trouve quelques crânes rasés, des groupes de supporteurs de foot, des étudiants anarchistes. Mais aussi des fidèles de l’organisation Trident qui s’inspirent de la lutte de Stepan Bandera. Cette figure historique et controversée du nationalisme ukrainien a combattu « l’envahisseur » soviétique durant la Seconde Guerre mondiale.#pravyiSector
















Peut-être que l'on n'a aucune chance contre les Russes. Mais on va résister quand même. Tous ensemble . En espérant qu'ils nous laissent quelques survivants pour qu'ils racontent notre histoire a nos enfants .
Et vous ? .. Qu'est ce que vous allez raconter a vos enfants ? Je suis rentré en Ukraine sur un chars Russe avec un copain flic pour écraser la révolution Ukrainienne ?










Adjudant-chef Sergei Kokurin, 37 ans, marié, un enfant.
Tué à son poste, au centre de soutien opérationnel des forces armées de l'Ukraine à Simferopol, le 18 mars 2014, par un commando russe tentant de s'emparer du centre. 






 

"Désinformation systématique” : les accusations d’un rapport de l’ONU sur l’Ukraine"

L’intervention russe en Crimée s’est en partie fondée sur de faux témoignages de membres de la communauté russophone. C’est ce que dévoile un rapport publié ce mardi par le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.
Ces russophones de Crimée auraient ainsi prétendu de manière mensongère être victimes d’agressions.
Gianni Magazzeni, du bureau des Droits de l’Homme de l’ONU :
“Le rapport nous dit que nous n’avons aucune preuve crédible d‘éléments qui pourraient justifier des inquiétudes de la part des populations russophones d’Ukraine”.
Une désinformation systématique aurait ainsi été pratiquée afin de créer en Crimée un climat “de peur et d’insécurité”.
L’Onu dit en outre avoir recueilli de “nombreux signalements de cas de fraude” lors du référendum sur le rattachement de la péninsule à la Russie.
Le rapport, réalisé en mars, appelle d’autre part les autorités ukrainiennes au respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme et à l’arrêt de tout type de “discours de haine”.
Sont ainsi montrés du doigt les membres du groupe d’extrême droite Pravy Sektor, très présents lors des manifestations à Maïdan, et qui se sont rendus coupables d’intimidations morales et physiques sur plusieurs représentants de l’ancien régime ukrainien.



Je me suis souvent demandé comment étaient financés certains sites web identitaires très professionnels, par exemple ProRussiaTV.
Et puis, avec la crise en Ukraine, je me suis demandé pourquoi il existait une telle unanimité pro-russe.
Force est de constater que les ploutocrates russes ont infiltrés la mouvance identitaire :
(...)
Surtout, l'Agence2presse a un partenariat très étroit avec La Voix de la Russie (programmes officiels du Kremlin à l'étranger), au sein de la web télé ProRussia.tv. Gilles Arnaud- qui dirige ce site- y anime un magazine contre "la désinformation". Par ailleurs, ProRussia.tv diffuse le flash d'actualités hebdomadaire en langue française de la Voix de la Russie, dont la présentatrice n'est autre que son épouse, Sylvie Collet (ex-FN aujourd'hui au PdF).
Le site ProrussiaTV
La Russie s'intéresse décidément de près à ce petit milieu (et réciproquement) puisqu'Yvan Blot est l'invité, le 30 janvier, de l'Institut de la Démocratie et de la coopération pour une conférence sur "Les droits de l'Homme en Occident".  A Paris, ce think-tank dont la création a été voulue par Vladimir Poutine est dirigé par Natalia Narotchnitskaïa, historienne, diplomate, ancienne députée nationaliste et très proche du Kremlin. Une forme de "soft power" russe. (droites extrêmes)





Moi, je place au-dessus de tout la liberté. Donc je refuse de me laisser influencer par la propagande russe de la même façon que je refuse de me laisser influencer par la propagande américaine. C'est peut-être illusoire, mais ce n'est pas parce qu'un combat semble perdu qu'il faut y renoncer. Un esprit rebelle n'est pas un esprit soumis aux grandes puissances, d'où qu'elles viennent. Cela dit, s'il faut vraiment choisir, en tant qu'européen et en tant qu' occidental, je ne choisirai certainement pas la clique à Poutine.




 
Les soutiens de Poutine (international)

Les deux seuls Etats à la soutenir manifestement sans réserve sont le Venezuela et la Syrie. Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, en grande difficulté sur le plan intérieur, a accusé les Etats-Unis et les gouvernements européens de pratiquer la politique du deux poids-deux mesures dans cette crise en déclarant:
«Ce qui s’est passé en Crimée est une réponse à ce qui a permis l’effondrement de la démocratie en Ukraine. Il n’y a qu’une seule raison à cela: la politique antirusse des Etats-Unis et de certains pays européens. Ils tentent d’encercler la Russie afin de l’affaiblir et de la détruire au final.»
Le président syrien Bachar el-Assad, encore plus en difficulté que le président du Venezuela, a soutenu le mouvement des Russes visant à «restaurer la sécurité et la stabilité au sein du pays ami d’Ukraine face aux coups d’Etat répétés contre la démocratie et la légitimité du pouvoir, en faveur des terroristes extrémistes, grâce à la politique avisée du président Poutine, qui s’attache à respecter les lois et les légitimités internationales qui gouvernent les relations entre les Etats».

La Chine? L'Iran?

Bloomberg a décrit la coalition des pays soutenant la position de Poutine comme la «minorité Chine-Syrie-Venezuela» mais je ne suis pas certain que l’on puisse ranger la Chine dans la même catégorie.
Il est vrai que Pékin s’opposera à toute sanction contre la Russie et ne condamnera pas à voix haute ses actions, mais les dirigeants chinois ne se montrent guère enthousiastes sur ce dossier. Dans une déclaration en date du 2 mars 2014, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang, a ainsi affirmé:
«La position déjà ancienne de la Chine consiste à ne pas intervenir dans les affaires intérieures des autres Etats. Nous respectons l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.»
L’Iran, allié de la Russie, a également adopté une posture vague, le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif déclarant que «les interventions extérieures n’ont pas aidé à améliorer la situation» une déclaration qui peut concrètement s’adresser aux deux camps en présence.
La Biélorussie, alliée de longue date de la Russie, a refusé de soutenir Moscou, le président Alexander Lukachenko déclarant:
«Nous avons une vision globale de l’Ukraine. Elle doit conserver son intégrité territoriale, nul ne doit diviser ce grand pays.»
La Biélorussie est un membre signataire de l’Union douanière eurasienne que Poutine espérait voir rejointe par l’Ukraine, mais les relations entre Moscou et Minsk se sont détériorées et on dit que Poutine et Loukachenko se détesteraient cordialement.
Comme The Economist l’a remarqué, les gouvernements d’Asie centrale regardent également les évènements de Crimée avec inquiétude:
«Quelques jours après que les troupes russes aient occupé la Crimée, l’Ouzbekistan a fait part de sa préoccupation à l’égard de “la souveraineté et l’intégrité territoriale” de l’Ukraine. Le Kazakhstan a fait part de sa “vive inquiétude” à propos de “conséquences imprévisibles” d’un tel mouvement. Le Tadjikistan a demandé un “règlement objectif” de la situation –ce qui ne veut pas dire grand-chose. Le 11 mars, le Kirghizstan s’est démarqué, condamnant des “actes visant à déstabiliser l’Ukraine”.»

[concernant la Chine, voir aussi : ici]

L'intéressante réponse de l'Inde

Le Kazakhstan, au moins, semble venir à la rescousse. Le ministre des Affaires étrangère a ainsi déclaré le 18 mars que «le référendum tenu en Crimée est perçu au Kazakhstan comme l’expression libre de la population de la République Autonome, tandis que la décision de la fédération de Russie, au vu des circonstances actuelle, est considérée comme compréhensible».
Le gouvernement du Brésil a été critiqué dans la presse pour ne pas avoir évoqué cette crise et on pense que le gouvernement pourrait craindre que la Russie décide de ne pas participer au sommet des Brics, qui doit se tenir en juillet au Brésil. Le ministre des Affaires étrangères, Luiz Alberto Figueiredo a fini par demander, le 19 mars, que soit trouvée «une solution qui respecte les valeurs démocratiques et la volonté des Ukrainiens».
La réponse la plus intéressantes est celle d’un autre membre des Brics: l’Inde (je n’ai trouvé aucune déclaration significative de l’Afrique du Sud). Le gouvernement indien s’est fermement opposé aux sanctions infligées à la Russie et, au début du mois de mars, le conseiller à la Sécurité nationale Shiv Shankar a déclaré:
«Il y a des intérêts russes légitimes et d’autres intérêts en jeu et nous espérons qu’ils seront discutés et que l’on trouvera un accord.»
A l’issue d’une conversation avec le Premier ministre Mahmohan Singh le 17 mars, Poutine a remercié le dirigeant indien pour sa position «mesurée et objective» sur ce dossier. Comme Ankit Panda l’a écrit dans The Diplomat, l’Inde est dépendante à 75% de la Russie pour ses importations d’armes et les relations entre l’Inde et les Etats-Unis sont au plus mal depuis le scandale Deyvani Khobragade.
Singh ne risque pas d’approuver officiellement la position de Poutine, mais l’Inde pourrait être ce qui ressemble le plus à un allié pour la Russie dans cette crise ukrainienne, en plus des soutiens habituels.
Cette crise a au moins le mérite de montrer que les relations américano-indiennes auraient bien besoin d’être réchauffées –ce qui risque d’être encore plus difficile au vu des élections qui se préparent cette année.




 
Les soutiens de Poutine (en France)

Les plus forts soutiens sont :
La clique à Mélanchon
La clique à Le Pen, Chauprade, et certains sites dits identitaires qui ont perdu leur liberté (souvent ceux en lien avec ProRussiaTV, Réalpolitik, Polémia)
Certains rédacteurs de la grande presse (ça va du Figaro au Monde, en passant par Libération. Les fonctionnaires russes ont la main longue;) )


Le leader du parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon est certainement celui qui porte la voix la plus dissonante dans le concert de condamnations :
Les ports de Crimée sont vitaux pour la sécurité de la Russie, il est absolument prévisible que les Russes ne se laisseront pas faire, ils sont en train de prendre des mesures de protection contre un pouvoir putschiste aventurier, dans lequel les néonazis ont une influence tout à fait détestable."
"Nous Français, n'avons rien à faire dans une histoire pareille, nous n'avons rien à faire à encourager les provocations contre les Russes, cela dit sans sympathie pour le gouvernement russe […]" La nation russe ne peut admettre que les nord-américains et l'Otan s'installent à leurs portes", juge-t-il.


Du côté de l'extrême droite, Marine Le Pen, présidente du Front national, est très critique contre les menaces de sanctions adressées par la communauté internationale à la Russie : "Il faut éviter les menaces qui sont inappropriées. Les capitales européennes doivent chercher à retrouver le chemin de la diplomatie plutôt que d’effectuer des menaces qui risquent d’entraîner une escalade."





 
Le propoutinisme déclaré de Mélenchon et de Le Pen, dont la fréquente convergence de vues est significative, de même que la "compréhension" des thèses russes par une large partie de la droite ou de la gauche classique,témoignent d'une étonnante fascination française à l'égard de toutes les formes du despotisme et de l'autoritarisme russes,depuis l'alliance de la République avec les les tsars à l'actuelle bienveillance pour l'ancien du KGB, en passant par le stalinisme délirant du PC de la grande époque.





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Une carte de visite symbole des tensions détournée sur Twitter

Dimanche 20 avril, une fusillade a éclaté à Sloviansk, une ville de l'est de l'Ukraine où se concentrent une partie des tensions entre prorusses et forces de Kiev. La Russie a attribué cette attaque à Pravyi Sektor, un groupe d'extrême droite très actif lors de la révolte de Maïdan contre le pouvoir du président déchu Viktor Ianoukovitch. Du côté de Kiev, ce sont au contraire les prorusses qui ont été montrés du doigt.

Dans le climat de paranoïa réciproque qui a saisi la ville et la guerre de l'information que se livrent les deux camps, difficile de trancher. Mais cette atmosphère étouffante n'a pas désamorcé l'humour des internautes ukrainiens.
Tout commence par une vidéo, diffusée notamment par la chaîne russe Lifenews, montrant, parmi d'autres éléments (des billets de cent dollars, des armes « de fabrication étrangère ») une carte de visite portant le nom de Dmitro Iaroch, le chef de Pravyi Sektor, exhibée comme preuve de l'implication de ce mouvement dans la fusillade.
De nombreux utilisateurs ukrainiens de Twitter ont multiplié les détournements et les photomontages de cette carte pour se moquer de ce qu'ils considèrent comme une grossière manipulation. A commencer par les activistes d'EuroMaidan, qui ont publié un tweet moqueur : « Si tu vas tirer sur des gens à Sloviansk, n'oublie surtout pas ta carte de visite de Iaroch ! »
De nombreuses plaisanteries étaient aussi échangées, en russe comme en ukrainien : « Les Etats-Unis ont interrompu leurs relations avec Kiev. Sur les lieux de l'assassinat de Kennedy, on a retrouvé la carte de visite de Iaroch », lance un utilisateur. « Quand Chuck Norris veut qu'on le rappelle, il laisse la carte de visite de Iaroch » plaisante un autre. « Il y a des choses qui ne s'achètent pas. Pour le reste, il y a la carte de visite de Iaroch », écrit un troisième.
« Ianoukovitch [le président ukrainien déchu et exilé en Russie] n'est pas revenu, parce qu'il faut désormais la carte de visite de Iaroch pour rentrer sur le territoire ukrainien », explique encore cet utilisateur.









La rhétorique guerrière de Poutine

(...) La deuxième présomption, celle de l'oppression des citoyens russes d'Ukraine, ne peut même pas bénéficier d'un tel prétexte. Au cours des derniers mois, un seul citoyen russe a été tué en Ukraine. Il se battait pour la révolution ukrainienne, et il a été abattu par la balle d'un sniper. (Le Londe)




L'armée ukrainienne laisse apparaître son amateurisme

(...) L'une des principales difficultés auxquelles fait face l'armée ukrainienne est d'affronter des rebelles abrités derrière un bouclier humain offert par des habitants sympathisants. «L'armée ukrainienne fait face à son premier défi en 23 ans et n'a aucune compétence», explique Romanenko. Pour lui, il ne s'agit pas d'une «opération antiterroriste», comme l'appelle le gouvernement, mais d'une guerre civile. L'expert Alexander Kava affirme que «la plupart des soldats sont réticents à se battre contre des civils. Je pense que beaucoup de soldats ignoreront les ordres agressifs, car la Constitution leur donne le droit ne pas obéir aux ordres criminels». (...)
Déjà peu populaire à l'est, le gouvernement paierait un lourd prix politique s'il faisait couler du sang civil, ce qui servirait d'excuse à l'armée russe pour intervenir. La force de 40.000 soldats bien entraînés et équipés attendant à la frontière russo-ukrainienne possède un puissant effet dissuasif.
Beaucoup d'observateurs mettent en doute la loyauté des généraux et des officiers. Des rumeurs courent qu'un certain nombre de haut-gradés ukrainiens sont passés du côté russe en Crimée contre monnaie sonnante et trébuchante. Mais la loyauté est une question secondaire pour Romanenko. «L'armée ukrainienne n'existe pas, tout simplement parce que les dirigeants politiques refusent de l'utiliser. Je ne vois que de la simulation. La purge des éléments corrompus par l'adversaire n'a pas été effectuée. Kiev a déjà perdu le contrôle sur les autorités régionales de l'est. J'en viens à penser que le gouvernement est lui-même sous influence.»
De son côté l'armée ukrainienne, forte de 135.000 hommes, soit 2,5 fois moins que la France et sept fois moins que la Russie. L'essentiel de son équipement est d'origine soviétique et date des années 1970. «L'armée a été complètement délaissée par l'État ukrainien durant ces dernières 23 années, elle arrive loin derrière la police et la sécurité d'État (SBU) en terme de priorité», note l'expert. En faire partie est peu prestigieux. Les officiers reçoivent des salaires quatre fois inférieurs à ceux de leurs collègues russes. La désorganisation de l'armée ukrainienne est connue de tous. L'expert militaire russe Rouslan Poukhov note qu'elle est peu mobile et mal disposée: la plupart de ses bases sont orientées à l'ouest, un héritage de la guerre froide.











Dans la tête de Poutine (article publié le 29/12/2011)

Ils ne m'auront pas. Combien de manifestants à Moscou ? 100 000 ? Une petite minorité d'agités. Des singes, des nuls, téléguidés par les Américains qui ne pensent qu'à laminer la Russie. S'ils croient m'impressionner, ces pelés. Je vais finasser. Je vais finasser. L'Etat russe a pléthore de réserves en devises, je vais arroser. J'ai laissé le gamin (Medvedev) annoncer des réformes politiques, ça fait plaisir. Elles abuseront les naïfs. Ce qui est important, c'est de ne jamais paraître faible. Sinon, c'est la curée.

En douze ans, je me suis fait un tas d'ennemis. C'est normal. La verticale du pouvoir a fait profiter quelques personnes de l'argent du gaz et du pétrole. Les porteurs de préservatifs qui manifestent n'ont aucune gratitude : j'ai redressé le pays, et ils osent réclamer une "Russie sans Poutine" !
Pas de faiblesse ! Comme disait Staline, que j'ai cité à la télévision en 2004, avant de serrer la vis en politique intérieure : "Les faibles, on les frappe." J'ai fait passer le message à Bachar Al-Assad, en Syrie : "Laisse entrer les observateurs de la Ligue arabe pour relâcher la pression extérieure, mais reste intraitable avec les agitateurs." Comme ça, on gagne du temps. Lui aussi est visé par un complot étranger. Il est mon dernier allié dans le monde arabe. Je ne le lâcherai qu'à la dernière minute. S'il le faut.
Les Iraniens aussi aident Al-Assad à tenir. Ceux-là, je ne leur fais pas confiance. Des Perses islamistes... Mais on a des intérêts communs contre les Américains. La Russie a bien fait de soutenir Ahmadinejad en 2009, quand il était confronté à un soulèvement de rue. On l'a aussitôt accueilli pour un sommet, dans l'Oural, au côté du Chinois Hu Jintao. On lui a dit de ne pas mégoter sur la méthode forte. Deux ans plus tard, il tient toujours.
NE JAMAIS PARAÎTRE FAIBLE
J'ai horreur des foules que l'on ne contrôle pas. Ça me rappelle de mauvais souvenirs. En 1990, quelques mois après la chute du Mur, je m'étais retrouvé bloqué comme un rat dans les locaux du KGB, à Dresde, où j'étais en poste. Des milliers d'Est-Allemands massés sous nos fenêtres menaçaient d'attaquer l'immeuble. Le "Centre" (Moscou) ne répondait plus. Certains pensent que la chute de l'URSS m'a traumatisé. Mais le premier choc a été cet épisode atroce, l'impuissance face à une foule en colère. Plus jamais ça.
Plus que trois mois à tenir jusqu'à la présidentielle. J'y arriverai. Le "printemps des peuples", les "soulèvements Facebook", quelle blague ! Il ne faut rien lâcher. Ben Ali s'est enfui comme un lâche. Moubarak s'est fait déposer sans résistance, et il se retrouve encagé dans le box des accusés. Kadhafi s'est battu jusqu'au bout contre l'OTAN, pour finir lynché par les forces spéciales occidentales. Ah, elle est belle la morale occidentale et la responsabilité de protéger ! Une foutaise pour gogos ! Et derrière les gros intérêts des Occidentaux, toujours !
Les cris bêlants des Américains sur les "sociétés civiles", je les connais bien : c'est comme ça que la CIA a eu la peau de Slobodan Milosevic, en 2000. Une insurrection de rue maquillant un coup d'Etat, après des élections contestées. Milosevic s'est retrouvé au tribunal de La Haye. Pendant toutes ces années, il avait galvanisé les Serbes avec des guerres, en Bosnie, au Kosovo. Moi non plus, je n'ai pas lésiné, en Tchétchénie. Mais celui qui me transférera à un tribunal n'est pas près de naître !
Après avoir coffré Milosevic, les Américains ont commencé à fomenter les "révolutions de couleur", en Géorgie et en Ukraine. Toujours pour encercler la Russie. A l'époque, je n'avais rien vu venir. Aujourd'hui, je suis paré. J'ai gonflé le budget de la défense et des services.
La bonne nouvelle, c'est que les Européens ne me critiquent pas trop, après le coup des législatives du 4 décembre. Des mous et des faibles, et en plus tendant la sébile, avec tous leurs problèmes de dette. La Russie est le salut de l'Europe chrétienne face aux fous musulmans du Sud, et avec la Chine dans notre dos. J'ai dit au gamin de faire miroiter 10 milliards d'euros d'aide financière aux Européens. L'idée me plaît : la Russie, qui mendiait auprès du Fonds monétaire international dans les années 1990, se portant au secours de la zone euro ! On aura tout vu ! Quelle revanche !
Et, si Angela Merkel s'avise de hausser le ton contre les arrestations en Russie, je téléphonerai à Gerhard Schröder. Il arrangera ça. Il me le doit bien, avec sa grosse rémunération de Gazprom. Le grand avantage de ma politique du gaz, c'est qu'elle nous vaut des amitiés solides en Allemagne.
Les Américains veulent faire de nous des vassaux. Je savais qu'il fallait se méfier de Hillary Clinton. C'est elle qui a donné le signal des manifestations en Russie. Elle ne vaut pas mieux que son mari, Bill, ce sournois qui tapait dans le dos du "bon vieux Boris" (Eltsine) tout en élargissant l'OTAN à nos portes.
Ma grande surprise, c'est qu'Obama ne s'intéresse pas à l'Europe. En plus, il a besoin de moi pour chercher un arrangement sur le nucléaire iranien. Et puis, pour évacuer ses troupes et ses équipements d'Afghanistan, il dépend de la route du Nord, par l'Asie centrale. La crise avec le Pakistan l'a piégé.
JE VAIS TENIR
Les opposants russes vont se fatiguer. Je vais profiter de la pause du Nouvel An. Ils n'ont ni programme ni leader, à part ce blagueur de Navalny que les Américains cultivent en sous-main. Il est d'ailleurs passé par une de leurs universités. Il est dangereux pour moi, car il a la fibre nationaliste. Comme en Serbie, les Américains calculent que le seul recours politique solide, en Russie, viendra d'une trahison au sein du camp nationaliste.
Ils n'ont pas tort. Ce n'est pas la frange ridicule des soi-disant "démocrates" russes qui pourra m'inquiéter ! Mais je n'aimerais pas qu'ils se mettent à fouiller dans certains dossiers : toutes les liquidations d'opposants depuis dix ans, comme cette illuminée de Politkovskaïa, le traître Litvinenko, ou encore ce journaliste Tchikhotchikhine qui enquêtait sur l'or du Parti. Et j'en passe. Le pire serait qu'avec l'aide de la CIA l'opposition expose les réseaux qui m'ont permis de mettre un bon pactole de côté. Mais cela, les singes n'auront pas le courage d'en parler haut et fort ! J'ai tous les noms. Les Américains pensent que mon soutien à Bachar Al-Assad va me coûter cher en termes d'image. Ils se trompent. Ces choses lointaines, les Russes s'en fichent.
En Russie, c'est en restant le maître qu'on assure sa sécurité personnelle. Qui pourrait me garantir une "sortie" en toute immunité, comme je l'ai fait pour ce croulant d'Eltsine en 1999 ? Personne. Je vais tenir. Je serai le président qui accueillera les Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Tout le monde viendra. Comme aux JO de Pékin. Le peuple aime son tsar. Qui peut en douter ?
(Natalie Nougayrède)





Contrôler les médias
La nomination d’un proche du pouvoir à la tête du principal site russe d’informations illustre la manière dont le Kremlin utilise la crise en Ukraine pour exercer davantage sa mainmise sur les médias. (France24)

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