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samedi 21 juin 2014

Alexeï Navalny dans le viseur de Poutine



En pleine affaire ukrainienne, la surveillance russe ne chôme pas. Dans la nuit du 19 au 20 juin, l'appartement du leader de l'opposition Alexeï Navalny était investi par des enquêteurs particulièrement zélés.


"Les agents du Comité fédéral d'investigation ont perquisitionné l'appartement du leader de l'opposition Alexeï Navalny dans la nuit du 19 au 20 juin, dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds en cours depuis huit ans", annonce The Moscow Times le 20 juin au matin. Le journal rapporte aussi les dires de l'avocat de Vadim Kobzev : "Il est évident qu'il n'est pas nécessaire de perquisitionner à 4 heures du matin pour une affaire vieille de huit ans."

L'agence de presse russe RIA-Novosti a même rapporté, par l'intermédiaire de son site consacré aux questions juridiques
Rapsi News, que "les enquêteurs auraient saisi une peinture offerte à Alexeï Navalny par ses soutiens". Le site rappelle également que le blog de l'opposant "a été placé dans la liste des sources prohibées [en 2013] après avoir encouragé les gens à participer à des manifestations non autorisées". Alexeï Navalny a été condamné en 2013 pour détournement de fonds après plusieurs accusations de fraude qu'il a toujours niées. La BBC News parlait à l'époque d'un "procès hautement controversé".

L'affaire du jour a aussi fait réagir
The Irish Times. Le quotidien irlandais pense que "pendant que le monde se focalise sur l'Ukraine, les législateurs russes ont resserré l'étau sur l'opposition libérale, usant de la répression légale comme d'une censure d'Etat". Quant à la télévision publique, elle est devenue "de plus en plus triomphaliste depuis l'annexion de la Crimée et loue la politique de Poutine tout en qualifiant quiconque est en désaccord de traître". The Irish Times enchaîne : "Le leader le plus charismatique de l'opposition russe a été mis en maison d'arrêt pour fraude à l'encontre de la société Yves Rocher Vostok. Mais le fabricant de cosmétiques français a assuré aux autorités russes n'avoir subi aucun dommage. (…) Plusieurs sites indépendants dont son blog ou encore Grani.ru ont été censurés." Trois à huit ans pour le jet d'une bouteille en plastique

C'est auprès du
Guardian que Nadia Tolokonniva, des Pussy Riots, donnait le 18 juin son analyse de la situation. "Pourquoi Poutine ne peut-il tolérer ne serait-ce qu'un peu d'opposition ? La réponse est simple, et Navalny le sait bien : Poutine a peur de lui comme il avait peur des Pussy Riots." Nadia Tolokonniva rapporte également l'histoire de Paulina Stronguina, accusée de participation à des troubles de masse – une vidéo la montre en train de lancer une bouteille en plastique. Dans la loi russe, "troubles de masse" répond aux délits de pillages et de violences à l'aide d'armes ou d'engins explosifs. Ce genre de délit peut coûter à son auteur une peine allant de trois à huit ans d'emprisonnement. Quand la justice punit ainsi de si petites infractions, c'est que quelqu'un dans le pays a peur. Or, nous n'avons pas peur."
Courrierinternational. Lionel Pelisson

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